Le scrutin le législatif de dimanche, au-delà du fait qu’il donne lieu à un parlement des plus fragmentés dans l’histoire du pays, pose également un problème aux partis politiques arrivés en tête en l’occurrence, le Parti Populaire (PP, au pouvoir) et le Parti Socialiste Ouvrier (PSOE) qui avec respectivement 123 et 90 sièges ne pourront, ni l’un ni l’autre, former un gouvernement.
Le PP, qui a perdu une soixantaine de sièges par rapport au scrutin de 2011, se trouve ainsi dans une situation peu envieuse et face à un dilemme des plus compliquées. En effet, pour prétendre gouverner, il lui faudra chercher une coalition qui, d’ores et déjà exclut le PSOE dont le dirigeant Pedro Sanchez l’a déjà balayé d’un revers de la main.
Le parti de droite, avec 28,7 % des voix et 123 députés, a perdu plus de 3,6 millions d’électeurs et 63 sièges par rapport au scrutin de 2011, des voix qui sont tombées dans l’escarcelle de la révélation de ce scrutin de dimanche qu’est Podemos de Pablo Iglesias. Ce dernier a obtenu 69 sièges et se voit ainsi propulsé, en un an d’existence, à la troisième position dans l’échiquier politique espagnol, un parti avec lequel il faudra désormais composer.
Face à cette victoire aux allures d’une défaite, Mariano Rajoy, l’actuel chef de gouvernement espagnol a reconnu que ce succès mi-figue mi-raisin ne lui permet nullement de continuer de diriger à moins de trouver des alliés, chose qui pour le moment s’avère difficile.
« Je vais essayer de former un gouvernement, un gouvernement stable, mais ce ne sera pas facile », a déclaré M. Rajoy dans un bref discours sans grand espoir. Il sait que même avec les 40 voix de Ciudadanos, la quatrième force politique du pays, elle aussi avec à peine une année d’existence, il ne pourra pas atteindre la majorité des 176 sièges.
Côté socialiste, Pedro Sanchez ne s’est pas montré plus enthousiaste dimanche soir. Avec 22 % des voix et 90 députés, le parti réalise le pire score de son histoire, perd 20 sièges et près de 1,5 million de voix. « Il appartient à la force qui a reçu le plus de voix d’essayer de former un gouvernement », a-t-il déclaré.
Le PSOE, lui aussi, se doit, s’il veut tirer les marrons du feu, composer avec Podemos et la Gauche unie, ainsi qu’avec les nationalistes basques et les régionalistes canariens.
En attendant d’y voir plus clair, les analystes et les observateurs continueront d’écumer les plateaux de télévision pour démêler cet écheveau. Mais ce qui est sûr, c’est que le scrutin de dimanche a au moins permis de briser ce tabou qu’est le bipartisme en Espagne, un pays qui jusque-là était géré en alternance par le PP et le PSOE.