Pas de 1er mai cette année sous l’impression de «déjà vu» et de «bien connu», mais une fête des travailleurs confinée, pour la première fois. Entre la volonté de rupture et la recherche de continuité, le dialogue social au Maroc, lui, avance peu, tandis que le PJD compromet la politique du pays par ses faiblesses, par ses impuissances et par ses capitulations.
Jamais l’aspect des villes marocaines n’avait été plus tranquille un 1er mai. Ce vendredi sera retenu par l’historiographie et la mémoire officielle comme «la première fête virtuelle des travailleurs», sans manifestations, ni rituels, ni prééminence d’un acteur social sur un autre. Les symboles qui acquièrent une place centrale dans les revendications feront profil bas. En temps d’épidémie de coronavirus, l’encombrement, l’agglomération d’individus, quelque considérables qu’ils soient, suffisent pour développer la contagion.
Alors que les autorités économiques et sanitaires tentent de résoudre les difficultés pendantes liées au Covid-19, ou encore d’en prévenir le retour par un ensemble de mesures appropriées, l’Union marocaine du travail (UMT), l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), la
Confédération démocratique du travail (CDT), l’Organisation démocratique du travail (ODT), la Fédération démocratique du travail (FDT), et l’Organisation démocratique du travail (ODT) ont appelé le gouvernement, dans leurs communiqués à l’occasion, à relancer le dialogue social. «Assez de discours, le moment est venu de recourir aux actes», peut-on lire en substance dans les différents textes consultés.
L’épisode des retenues sur les salaires des fonctionnaires plane toujours. La non-représentativité des syndicats au sein du comité économique du gouvernement et le gel de l’accord tripartite du 25 avril 2019 laissent un goût amer. Si les centrales les plus représentatives tentent d’injecter à l’action sociale défaillante un sérum énergique, leur dialogue avec les pouvoirs publics est au point mort depuis quelques années. Le monde du travail ne borne plus ses désirs à l’amélioration de son état professionnel ; mais il s’en faut de beaucoup qu’ils s’en tienne là; en réalité, médecins, enseignants, infirmiers, notaires, et d’autres exigent de mettre l’équité là où elle n’est pas encore, d’assurer par des décisions concrètes la liberté, les droits, les intérêts de ceux qui vivent de leur industrie.
Si les syndicats soulèvent d’ordinaire dans leurs discours plus de questions qu’ils ne peuvent en résoudre, le gouvernement encourage des espérances chimériques par des promesses qu’il ne pourra tenir. Sauf que l’exécutif et les syndicats se réveillent aujourd’hui face à une réalité importune, celle du coronavirus et de ses conséquences. L’autre réalité est l’altération d’équilibres exercée par le PJD qui livre le Maroc à la capricieuse et stérile agitation d’un parti dont la capacité n’a pas égalé les prétentions.