Le bras de fer entre le Maroc et l’ONU, en la personne de son secrétaire général Ban Ki-moon, a de quoi susciter plusieurs interrogations sur l’avenir du dossier du Sahara marocain et ce, à prés d’un mois du rapport devant être soumis par ce fonctionnaire au Conseil de sécurité.
La tension est montée d’un cran avec la publication, mardi soir, du communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la coopération (MAEC) réitérant « la dénonciation ferme et du rejet total » des propos de Ban jugés « inadmissibles ».
Le chef de la diplomatie marocaine s’était envolé à New York juste après la manifestation monstre de Rabat contre les propos du secrétaire général de l’ONU, un déplacement non annoncé officiellement, n’eut été le point de presse du porte-parole Stephane Dujarric, lundi, au cours duquel il a fait état d’un entretien entre Mezouar et Ban. Ce dernier, à en croire ce porte-parole, a dit espérer pouvoir surmonter « les moments difficiles» qu’il traverse avec le Maroc suite aux critiques virulentes exprimées à son égard par ce pays après sa récente visite dans la région.
« Nous avons beaucoup d’espoir de pouvoir surmonter ces moments difficiles avec les autorités du Maroc », a déclaré, mardi à New York, le porte-parole de Ban Ki-moon, Stéphane Dujarric.
Le secrétaire général de l’ONU, rappelle-ton, s’était plaint lundi d’un « manque de respect » du Maroc envers sa personne et l’ONU.
Dujarric a, en plus, réitéré que Ban a agi conformément au mandat que lui a confié le Conseil de sécurité avec pour objectif de « faciliter les négociations » pour résoudre le conflit au sujet de l’ex-colonie espagnole.
Il a ainsi laissé entendre clairement que le secrétaire général n’a pas changé ni va changer sa position sur cette question, réitérant qu’il ne partage pas les critiques dont il a été l’objet lors de la manifestation de Rabat.
La réaction du Maroc ne s’est pas faite attendre, et 24 heures plus tard, le MAEC a publié son communiqué indiquant que Mezouar a remis, sur instructions du Roi Mohammed VI, une lettre à Ban Ki-moon « détaillant les protestations officielles du Gouvernement marocain au sujet de ses déclarations inacceptables et de ses agissements inadmissibles durant sa récente visite dans la région ».
En l’absence d’informations sur ce qui s’est réellement dit lors de la rencontre Mezouar-Ban, surtout que Dujarric avait, lors de son point de presse, parlé de contacts de hauts niveaux entre les deux parties, le ton utilisé dans le communiqué du MAEC en dit long sur la réaction coléreuse de Rabat à celle, non moins coléreuse de Ban Ki-moon. Dans la foulée, le Maroc, face à ce qu’il qualifie de « dérive dangereuse », a décidé les mesures immédiates suivantes, à savoir « une réduction significative, dans les jours qui viennent, d’une grande partie de la composante civile et plus particulièrement le segment politique de la MINURSO, l’annulation de la contribution volontaire qu’accorde le Maroc au fonctionnement de la MINURSO et l’examen des modalités de retrait des contingents marocains engagés dans les Opérations de Maintien de la Paix ». A cet égard, il y a lieu de rappeler que les casques bleus marocains se trouvent déployés notamment au Congo et en Cote d’ivoire.
Qu’adviendra du dossier du Sahara, personne ne peut le dire mais une chose est certaine, le réveil « brutal » de la diplomatie marocaine, longtemps accusée de « somnolence », augure d’une situation aussi floue que risquée même si le Maroc jouit toujours d’un soutien « sans équivoque » de la part de certaines puissances mondiales, le cas de la France et des Etats-Unis auxquels vient s’ajouter celui de la Russie qui dit comprendre « dûment » la position du Maroc concernant le Sahara.
Reste à espérer que ce nouveau front ouvert avec le 1er fonctionnaire de la Communauté internationale, et qui s’ajoute à celui avec l’Union Européenne ou du moins son Tribunal, se fasse sans trop de dégâts.






