Parti dans l’indifférence totale, Mohamed Abdelaziz, chef des séparatistes du Polisario laisse derrière lui des dizaines de milliers de sahraouis toujours sous le joug des généraux d’Alger, et dans une situation économique et sociale des plus catastrophiques.
La jeunesse, proie facile pour le recrutement des jihadistes
Aucune perspective d’avenir pour les jeunes qui ont grandi dans ce « Guantanamo algérien », et qui croyaient avoir un grand dirigeant qu’ils voyaient côtoyer des chefs d’Etat de certains pays acquis à leur « cause », mais qui se sont rendu compte, le jour des funérailles, qu’ils n’ont jamais été aussi seuls, abandonnés à leur propre sort. Une situation qui ne fera qu’exacerber leurs frustrations avec tout ce que cela comporte comme risque car faisant d’eux une proie facile pour les recruteurs des jihadistes.
Il fut un temps où ces sahraouis qui ont fui leur pays , le Maroc, pour aller se jeter dans la gueule des loups des généraux algériens, étaient choyés par des dictatures comme Cuba, le Venezuela ou encore l’Algérie. Mais réalpolitique et crise économique obligent, ces pays ont réduit leur soutien et assistance à sa portion la plus congrue, question de sauver la face.
Face à cette réalité amère, les jeunes disent n’avoir aucune option que celle de reprendre les armes, mais quelles armes ? S’il s’agit d’armes algériennes, on voit mal comment un pays frappé d’une des crises économiques les plus graves de son histoire, et un dirigeant qui attend tranquillement son heure sur un fauteuil roulant, se lancer dans une telle aventure.
Quatre valises remplies d’habits, un chameau et un salon avec sofas pour se marier
Alors que reste-t-il pour ces jeunes ? Rien, comme le reconnait une certaine Hareira Mohamed Jayar, 23 ans, dirigeante d’une association de jeunes. Selon cette militante associative qui s’est confiée au quotidien espagnol El Pais, les jeunes femmes sahraouies dans les camps, sont très réticentes face à une éventuelle guerre contre le Maroc, contrairement aux hommes. Ces derniers, n’ont pas le choix que d’effectuer le service militaire durant deux ans et demi dans le désert; travailler en tant que volontaires au sein d’associations sans être payés; ou trouver un petit emploi avec un salaire insignifiant, explique-t-elle. Quant à la possibilité pour les hommes de se marier et de fonder une famille, cela relève de l’impossible car, à l’en croire, tout prétendant se doit de se présenter avec quatre valises pleines d’habit pour la future épouse, un chameau en guise de festin pour les invités et surtout un salon constitué de sofas. Et comme il n’y a pas de Kitea ou d’Ikea dans le coin….
Pour les filles, un tel espoir relève également d’une chimère, et pour celles qui ont eu l’occasion de partir en Espagne en étant très jeunes et qui y ont trouvé des familles d’accueil, il n’y a plus d’espoir de retourner voir leurs proches au risque d’être séquestrées par leurs familles biologiques, finissant ainsi par rester et grossir les rangs de filles célibataires faute de valises pleines d’habit, de chameau et de sofas.
Les études à l’étranger, mission impossible
Même les études à l’étranger sont devenues presque impossibles en raison du tarissement des bourses par certain gouvernements comme le cubain, explique, non sans amertume, cette militante associative.
« Durant les années 80, mille personnes sortaient par an pour Cuba, contre seulement 5 à présent et dix vers les autres pays comme le Venezuela et l’Espagne », poursuit Hareira.
Pour résumer tout cela, Mohamed Salén Laabeid, directeur de la télévision déclare lui aussi à El Pais: « Ce n’est pas à l’Algérie de me dire quand et où je vais me tuer. Je suis partisan de l’épuisement de toutes les voies diplomatiques, mais si le temps de la guerre arrive, je n’ai rien à perdre à part une maison en pisé ».
C’est cela malheureusement le legs de Mohamed Abdelaziz.