À l’échelle internationale, la position du Maroc se trouve réconfortée par les grandes puissances, favorables au principe d’autonomie avancé par le Maroc, alors que les séquences de négociations directes entre les parties impliquées dans le dossier de Sahara piétinent, à cause de l’opiniâtreté de l’Algérie et du polisario.
44 ans auparavant, les Marocains ont osé défier la puissance espagnole encore implantée dans le Sahara. Ils avancent, sans autre arme que les copies du Coran et des emblèmes nationaux, le vocabulaire royal utilisé pour mobiliser la population emprunte alors largement au lexique coranique. Cette opération, inédite, mûrie par le Roi Hassan II dans la plus grande discrétion, a bouleversé les réalités héritées d’une décolonisation inachevée, vingt ans après l’indépendance du Royaume.
Au-delà de la reconquête territoriale, cette marche a pris les allures de plébiscite, d’un «acte de foi», qui «puise son essence et son élan dans une histoire séculaire» et qui unit le roi et le peuple. Entre-temps, la Cour internationale de justice (C.I.J), a été appelée à trancher sur le fait de savoir si, au moment de la colonisation espagnole, ce territoire était terra nullius, c’est-à-dire territoire sans propriétaire.
Le 16 octobre 1975, la Cour émet un avis consultatif sur le droit applicable dans ce sujet, qui admet des liens juridiques fondés sur le principe de l’allégeance entre les sultans du Maroc et certaines tribus. Fort de sa position fondée sur la reconnaissance par la C.I.J des «liens juridiques et d’allégeance», le Roi Hassan II réclame le retour du Sahara au sein la mère patrie. L’Algérie, après quelques tergiversions, apporte un soutien inconditionnel au front polisario, ce qui empoisonnera pendant des décennies les relations entre les deux pays voisins.
En permettant la réunification du royaume à travers une mobilisation massive et pacifique du peuple, la Massira, c’est-à-dire des contingents de marcheurs de tous les bords, a été un événement majeur du siècle dernier. Faire affronter à des centaines de milliers de personnes pacifiques, aux mains nues, les champs de mines, les tanks et les troupes de l’armée franquiste, c’était un énorme risque, concédait la presse de l’époque. Ainsi le Roi Hassan II parachève l’action de son père en libérant le reste du territoire de l’emprise étrangère. La décision d’interrompre la Marche, le 9 novembre 1975, est intervenue pour donner une chance aux négociations qui se sont engagées entre le Maroc et l’Espagne à Madrid, en présence d’une importante délégation mauritanienne.
En 1991, un plan de paix de l’ONU comprenant un cessez-le-feu a été accepté le Maroc et les séparatistes. Depuis, les principaux alliés au Conseil de sécurité des Nations unies, la France, l’Espagne et les États-Unis ont décidé de soutenir la proposition faite par le Royaume en 2007 d’octroyer aux Sahraouis un statut d’autonomie au sein du Maroc. La durée du conflit, les réticences du polisario, la situation des réfugiés du camp de Tindouf en Algérie, et l’entêtement de l’Algérie elle-même, «héraut par usurpation» de la cause des Sahraouis testent la patience de la communauté internationale qui réclame un règlement rapide du conflit.
Pour la plupart des observateurs, l’Algérie se sert de ce dossier à des fins idéologiques pour maintenir la pression sur le Maroc au détriment de la l’intégration régionale et le développement du Maghreb arabe. Récemment, d’anciens responsables du pouvoir algérien en place ont déclaré que le pays paye un tribut de plus en plus lourd pour soutenir les séparatistes, que l’aide logistique et matérielle fournie au polisario, en termes d’armes, d’aide alimentaire, budgétaire, diplomatique ou encore pécuniaire constitue un lourd fardeau d’autant plus lourd à maintenir que l’Algérie est confrontée actuellement à une grave crise politique et économique.
Hassan II, dans un discours à l’issue de la Marche a déclaré : «Ils [les marcheurs] viennent d’écrire une des pages les plus glorieuses de notre Histoire, une page qui sera citée en exemple aux générations futures en fait de discipline, d’obéissance, de maturité, d’endurance et de patriotisme.» 44 ans après, le processus de régionalisation avancée à l’ensemble du territoire poursuit « son petit bonhomme de chemin » sous le patronage du Roi Mohammed VI, tandis que les séparatistes et leur protectrice, l’Algérie, sont de plus en plus désavoués.