Les Algériens ont investi les rues aujourd’hui, 17 janvier, pour le 48ème vendredi consécutif du Hirak. Ce vendredi est également le 5ème d’affilée depuis l’élection de Abdelmadjid Tebboune.
La venue d’un nouveau président de la République et la fermeture, du moins officiellement, de la parenthèse de la transition ouverte avec le départ de Bouteflika, n’ont pas impacté considérablement le hirak populaire, constatent les médias algériens. Le Hirak est toujours actif et ses revendications sont toujours les mêmes, notamment le changement radical du système politique en place. Cette revendication est désormais le point focal du Hirak, puisque les Algériens considèrent qu’elle n’a pas été respectée avec l’organisation de présidentielles malgré un refus général.
La semaine qui s’achève était plutôt plate sur le plan politique. Le président Tebboune s’affaire à une révision de la constitution et a poursuivi ses consultations avec les personnalités nationales, dont certaines sont réputées proches du hirak, et ordonné la promulgation d’une loi criminalisant les propos haineux et racistes. De ce fait, les autorités procédé à l’arrestation du directeur de la culture de la wilaya de M’sila, puis ont engagé des poursuites judiciaires à son encontre. Le fonctionnaire a été placé en détention pour avoir traité de traître Abane Ramdane, considéré héros de la guerre de Libération, rapporte TSA. En même temps, les activistes du mouvement populaire ont, en effet, été la première cible de cette loi.
Ce n’est cependant pas suffisant pour faire flancher la contestation. Dans les rues d’Alger, les manifestants sont même plus nombreux que le vendredi dernier, rapportent les médias algériens. Ils scandent « Istiqlal » [NDLR : indépendance] ou encore « Mouchawarate chibania [NDLR : le pouvoir ne dialogue qu’avec les personnes âgées] alors qu’ils défilent dans les rues, réitérant leur revendication pour un Etat civil et non militaire.
Lors de cette manifestation, plusieurs journalistes et activistes du Hirak ont été interpellés. De plus, cette semaine, l’ONG de défense des droits de l’Homme, Human Rights Watch (HRW), a dressé, ce mercredi 15 janvier, dans son nouveau rapport un bilan sombre de la situation des droits de l’Homme en Algérie durant 2019, année d’une contestation populaire sans précédent en Algérie. « L’Algérie a été en 2019 le théâtre des manifestations anti-gouvernementales les plus généralisées et les plus persistantes qu’elle ait connues depuis son indépendance en 1962 », affirme HRW dans son rapport 2020 sur les droits humains dans le monde.En réponse à la poursuite des manifestations, « les autorités ont dispersé des manifestations pacifiques, arrêté arbitrairement des participants, empêché la tenue de réunions prévues par des organisations politiques ou de défense des droits humains, et emprisonné des détracteurs du gouvernement », ajoute le rapport.