L’effort mondial lancé en 2015 pour améliorer la vie des gens partout dans le monde grâce à la réalisation des 17 Objectifs de développement durable (ODD) d’ici 2030, déjà en retard à la fin de 2019, a été grandement affecté, en peu de temps, par la pandémie de Covid-19, estime un rapport publié mardi.
« Comme les États Membres l’ont reconnu lors du sommet sur les ODD en septembre dernier, les efforts mondiaux à ce jour n’ont pas été suffisants pour apporter le changement dont nous avons besoin, mettant en risque la promesse de l’Agenda pour les générations actuelles et futures », a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres.
«Maintenant, en raison de la Covid-19, une crise sanitaire, économique et sociale sans précédent menace les vies et les moyens de subsistance, rendant la réalisation des Objectifs encore plus difficile », a-t-il ajouté.
Dans son rapport publié aujourd’hui, le Département des affaires économiques et sociales de l’ONU (DESA) confirme que l’effort mondial lancé en 2015 pour améliorer la vie des gens à travers la réalisation des 17 ODD d’ici 2030 était déjà en retard à la fin de 2019.
Selon le rapport, on s’attend à une rechute de 71 millions de personnes dans l’extrême pauvreté en 2020, la première augmentation de la pauvreté dans le monde depuis 1998. La perte de revenus, la protection sociale limitée et la hausse des prix signifient que même ceux qui étaient auparavant en sécurité pourraient se retrouver menacés de pauvreté et la faim.
D’après le document, le sous-emploi et le chômage dus à la crise signifient que 1,6 milliard de travailleurs déjà vulnérables dans l’économie informelle – la moitié de la main-d’œuvre mondiale – pourraient être considérablement affectés, avec leurs revenus ayant déjà chuté de 60% au cours du premier mois de la crise.
Selon une autre conclusion, plus d’un milliard d’habitants de bidonvilles dans le monde sont extrêmement menacés par les effets de la Covid-19, souffrant du manque du logement adéquat, de l’eau courante à domicile, de toilettes partagées, peu ou pas du tout de systèmes de gestion des déchets, de transports publiques surchargés et un accès limité aux établissements de santé formels.
Les auteurs du documents estiment que les femmes et les enfants sont également parmi ceux qui subissent les effets les plus lourds de la pandémie. La perturbation des services de santé et de vaccination et l’accès limité aux services d’alimentation et de nutrition peuvent entraîner des centaines de milliers de décès d’enfants de moins de 5 ans et des dizaines de milliers de décès maternels supplémentaires en 2020. De nombreux pays ont constaté une augmentation des cas de violence domestique contre les femmes et les enfants.
Par ailleurs, la fermeture des écoles a fait que 90% des élèves du monde (1,57 milliard) soient en dehors de l’école et que plus de 370 millions d’enfants manquent les repas scolaires dont ils dépendent. Le manque d’accès aux ordinateurs et à Internet à la maison signifie que l’apprentissage à distance est hors de portée de beaucoup. Environ 70 pays ont signalé des interruptions modérées à sévères ou une suspension totale des services de vaccination infantile en mars et avril 2020.
Au moment où davantage de familles tombent dans l’extrême pauvreté, les enfants des communautés pauvres et défavorisées sont beaucoup plus exposés au travail des enfants, au mariage des enfants et à la traite des enfants. En fait, les gains mondiaux en matière de réduction du travail des enfants devraient s’inverser pour la première fois en 20 ans, soulignent les auteurs.