Au Maroc, plus de 95% des entreprises sont familiales. Elles sont connues pour être les plus performantes et les plus résilientes face aux crises. Toutefois, selon le dernier baromètre BDO-ANPME sur la transmission des PME au Maroc, qui date de 2016, 40% des entreprises familiales ont une problématique de transmission sur la table non traitée.
Les entreprises familiales contribuent dans une large mesure à la création de valeur et d’emplois au Maroc. Cependant, elles connaissent, façon générale, un déficit en matière de transmission parce que l’identification du bon repreneur reste difficile.
Soulignons que 40% des entreprises familiales marocaines sont investies dans une transmission à la seconde génération. Celles-ci composent 95% du tissu économique et contribuent largement dans les secteurs de l’artisanat, du textile, des services, des exportations. Elles participent fortement à la croissance économique en créant 50% de l’emploi, 20% de valeur ajoutée, 40% de production et 50% d’investissement. Toutefois, il faut savoir qu’aujourd’hui, 150.000 de ces entreprises sont dirigées par des fondateurs âgés de plus de 55 ans.
La vie éco note dans son édition de cette semaine que près de la moitié des patrons des entreprises familiales, âgés de plus de 55 ans, n’ont pas de relève. Ils préfèrent ne pas transmettre leurs affaires à leur progéniture ou dans leur cercle familial afin d’éviter les conflits familiaux, assurer un avenir décent pour la famille et répartir équitablement son héritage sur ses descendants. Face à une relève qui semble difficile à être assurée, le scénario de revente pour un repreneur reste le plus plausible. Dans ce contexte, les dirigeants des entreprises familiales intègrent de plus en plus la vente de leurs entreprises à un tiers.
Selon plusieurs experts, la politique nationale a toujours mis l’accent sur les incitations à la création de nouvelles entreprises. Et ce, sans donner de l’importance au développement des entreprises viables existantes. En effet, les responsables politiques oublient souvent que créer une nouvelle entreprise n’est pas la seule façon et surtout la plus performante en matière d’emploi. Une des dernières livraisons de l’eurobaromètre économique, qui date de 2018, montre que la transmission permet de préserver en moyenne cinq emplois, alors qu’une nouvelle entreprise n’en génère que deux, en moyenne. La transmission est un métier à part et à ce titre nécessite un accompagnement ad hoc de son expert-comptable avec le soutien du banquier, surtout si le passage de relais nécessite des opérations de haut de bilan. Une des causes d’échec des transmissions ou une des raisons à l’origine de problèmes majeurs dans le processus de transmission réside dans le démarrage trop tardif de la planification de la transmission de la propriété. De plus, beaucoup d’entraves font pièce aux opérations de cession.
Il s’agit de l’absence d’un cadre juridique encadrant les opérations de transmission, la valorisation de la société, le poids de la fiscalité ainsi que son impact pour les cédants et pour les acquéreurs. A cela s’ajoutent les difficultés de financement de l’opération pour celui qui reprend l’affaire. Dans ce contexte, le taux de financement de la transmission pose une grande limite à l’alternative de s’endetter pour acheter une entreprise. Toutefois, il faut noter qu’à ce jour, la transmission reste très peu représentée dans le business du capital investissement avec moins de 5% des financements. Pour dépasser toutes ces limites, le maître mot des experts est la bonne préparation de la transmission des années à l’avance.
Le Maroc dispose ainsi d’un potentiel important d’entreprises transmissibles, mais ce vivier demeure mal exploité, d’où la nécessité de revoir les rouages de fonctionnement de ce processus, surtout sur le plan fiscal puisque ce frein peut mener l’entreprise à la déchéance en cas de difficulté de transmission.