Les professionnels de santé dans l’hôpital de Béchar, une commune située aux confins de l’Algérie, dénoncent «la situation intenable» du secteur hospitalier et des conditions dégradées notamment par le manque de moyens humains et matériels.
Pas moins de dix médecins exerçant dans l’hôpital Boudiaf «mère-enfant» de Béchar en Algérie ont annoncé leur démission collective dans une lettre conjointe envoyée au ministère de la santé algérien pour protester contre leurs conditions de travail qu’ils jugent intenables, a-t-on appris vendredi 2 juillet de sources concordantes. Ils dénoncent notamment des salaires extrêmement dérisoires, l’absence de logements de fonction et des hôpitaux sans équipements ne leur permettant pas de remplir leur mission.
Départs en série dans les hôpitaux algériens, donc, où des médecins chefs de service renoncent à leurs fonctions administratives et d’encadrement – tout en continuant d’assurer les soins – pour appeler le gouvernement à assurer ses responsabilités. Les «restrictions budgétaires imposées à l’hôpital de Béchar depuis plus de dix ans» serait la raison derrière les démissions annoncées, ainsi que «des pressions discontinues».
Un problème qui subsiste depuis 2010. «L’hôpital Mohamed Boudiaf de Debdaba, un quartier situé à l’est de la ville de Béchar, ne dispose pas de gynécologues permanents. Même les trois spécialistes privés conventionnés viennent de déposer leur démission» avait écrit à l’époque le quotidien Al Watan. «On faisait appel à l’un des quatre médecins privés pour la prise en charge des cas compliqués. Maintenant, il n’en reste plus qu’un seul. Les autres ont démissionné pour des raisons personnelles», avait expliqué au quotidien un responsable de établissement en souffrance.
Un des médecins a protesté contre «une mise en tension, aux origines multiples, des établissements de santé publics algériens» privés selon lui «d’un ajustement dynamique dans un environnement difficile», dénonçant «la fragilité de réponses offertes par ailleurs dans le système de soins» et affirmant que «l’hôpital public serait dans l’impossibilité de réagir de façon adaptée pour assurer son rôle et ses fonctionnements».
L’impréparation des autorités algériennes de santé pour gérer la crise de la Covid a été vivement critiquée, surtout sur la gestion des masques, des équipements de protection des personnels puis des tests de dépistage. Le système de soins a été soumis à rude épreuve surtout à la suite de l’afflux de patients géré par des personnels soignants débordés, qui ont concenti à des efforts d’adaptation sans précédent tant au sein des hôpitaux que dans la médecine de ville.
En 2020, le directeur d’un hôpital algérien a été démis de ses fonctions dimanche 17 mai après le décès des suites du Covid-19 d’une médecin de 28 ans, enceinte de huit mois, à qui il avait refusé un congé, une affaire qui a suscité une vive émotion dans le pays.