À bonne distance(s), installée au musée national de la photographie à Rabat; est une collaboration inédite entre l’Institut français du Maroc, la Fondation nationale des musées (FNM) et l’Agence France-Presse (AFP. Elle se poursuit jusqu’au 30 juin 2021.
Comme un convalescent, jour par jour et à mesure que ses forces reviennent, s’essaie à reproduire les gestes et à s’appliquer aux besognes d’avant la maladie, Rabat reprend ses habitudes et sa vie d’avant la pandémie, sans tâtonnements, sans hésitations, sans demi-mesures. À bonne distance(s), qui se déploie pour trois mois sur plusieurs sites à Rabat, la capitale africaine de la culture 2020-21, le prouve.
Ce n’est ni un catalogue, ni un aménagement esthétique de nos «souvenirs», mais une œuvre de longue haleine, inventive, quelque chose comme le récit d’une rapide promenade de santé à travers une foule de photographies particulières, provenant de toutes les nations, traces d’un bouleversement mondial. À distance, aujourd’hui que sont tombées les poussières et les fumées de la première bataille face au coronavirus, ce qui frappe, c’est la somme de sensations, de sentiments, de passions, de luttes, d’observations, d’idées que les photographes de l’AFP sont parvenus à fixer de manière ingénieuse.
Deux-cents photographies expressives, individuelles, collectives, descendent ensemble des mêmes sources, l’amour de la vie et l’amour de l’espoir. Une manifestation culturelle dans le sillage d’une maladie universelle, laquelle entrevoit la place qu’elle a occupée durant une année dans l’enchaînement des choses du monde, et le lien qui tient ensemble des existences humaines variées.
À bonne distance(s) est le cri de la vie contre la pathologie, laquelle a fait périr en peu de mois autant d’individus que jamais dans ce siècle. On n’avait pas conservé le souvenir d’une pareille destruction humaine ; les médecins ne suffisaient pas à soigner les patients, fort nombreux, et d’ailleurs, ils furent surtout atteints par l’épidémie pour la plupart. Le mal se déclara d’abord en Chine, puis gagna le monde avec un redoublement de fureur. L’invasion était subite ; et l’humanité était prise au dépourvu.
À bonne distance(s) immortalise l’intimité, l’effort, la solidarité, le goût des joies familiales et des paysages recueillis, les ferveurs de la méditation et du rêve. D’un bout à l’autre de cette exposition, voilà l’impression qui domine, — et elle est rafraîchissante. Une vie non exubérante, plutôt en retrait. Des figures résistantes, effacées venant parfois du fond du passé, entr’ouvrant peut-être les voiles du devenir, issues de Wuhan, la capitale tentaculaire de la province du Hubei, Paris, New York, Barcelone, Séoul, etc. Elles cessent d’appartenir à un pays ou à une culture et qui trouvent le secret de renouveler la vie et d’en découvrir à nos regards une face imprévue.
À bonne distance(s), dont le charme principal consiste dans la diversité, dans la limpidité de l’aspect, — dans des faits en dehors de l’ordinaire, a su rendre en perfection, mais avec une perfection émouvante, les détails de la vérité palpable et les muettes apparences de la réalité dans des circonstances exceptionnelle. Cette manifestation culturelle se tient au Musée national de la photographie à Rabat et sur trois sites «hors les murs», dans des lieux urbains accessibles à tous :
- Les grilles et l’entrée du Jardin d’Essais botanique,
- Les grilles de l’Institut français de Rabat,
- L’esplanade du Musée national de la photographie.