Les manifestants appellent les autorités à protéger des zones côtières et à renouveler leur approche de ces espaces. Ils mettent en évidence les enjeux inhérents à la situation du domaine public maritime et les modalités qui en gèrent la gouvernance, après l’annonce d’un projet controversé des frères Azaitar.
Les Azaitar, qui enfreignent la loi relative au domaine public maritime, ont suscité la colère des riverains à Mdiq (nord). Ce dimanche, 250 personnes ont marché contre la construction d’aménagements opérée par les frères sur la plage de Mdiq. Les manifestants, dont des membres de la société civile, contestent l’absence de toute opposition de la commune à l’encontre du projet des frères (un restaurant de 2 000 mètres carrés). Plusieurs slogans ont fusé : «Les Azaitar, des lâches, des arrivistes, des profiteurs», «Le gouverneur, dehors, complice!», «Le gouverneur a cédé la plage aux Azaitar». Yassine Jari, le gouverneur, est accusé «de ne pas maîtriser l’urbanisation sur le littoral de Mdiq et de faire fi des nombreuses dispositions législatives et réglementaires qui tendent à protéger le domaine public maritime». Il est également mis en cause pour avoir autorisé «les constructions des Azaitar, lesquelles menacent l’accès aux bords de mer et l’accessibilité de la plage.»
Selon les contestataires, «le domaine public maritime, inaliénable et imprescriptible, doit rester libre. Les Azaitar ne peuvent occuper une dépendance du domaine public national ou l’occuper dans des limites excédant le droit d’usage qui appartient à tous». Ils affirmant que «le domaine public maritime doit être normalement affecté à un usage collectif ,- qu’il ne peut en être autrement que dans des cas majeurs bien encadrés». Un responsable associatif affiche clairement ses craintes : «les autorisations de construire dans ce cas précis sont subordonnées au respect par les aménageurs de certaines normes très rigoureuses (installation de réseaux d’assainissement et de dispositifs gérant les effluents) pour éviter la pollution des eaux maritimes dans une zone très fragile. Or, le dossier des Azaitar ne contient rien de cela», s’étrangle-t-il.
Les manifestants dénoncent fermement l’octroi de terrains aux Azaitar pour la construction d’un restaurant de luxe. Ils pointent le fait que «la création d’une telle activité à caractère économique ne saurait légalement justifier une dérogation à la règle s’appliquant à tous, qui veut que le domaine public maritime doit être affecté à un usage collectif.» Ils appellent à «enrayer le mouvement continu d’implantation des constructions le long des côtes marocaines» et à opérer «une délimitation des périmètres sensibles, par le biais d’une l’élaboration de programmes généraux d’aménagement du littoral.»
«C’est un projet érigé dans l’abstrait ! Les moyens nécessaires à sa mise en œuvre effective sont flous ! L’application des mesures protectrices du littoral doit être garantie par la voie des documents d’urbanisme. Les Azaitar doivent suspendre leurs aménagements qui font du tort à l’environnement», précise un des contestataires.
Sous la pression des collectivités et des associations locales, les autorités de la ville de Mdiq sont appelées à agir ; accusées de reléguer au second plan les préoccupations de sauvegarde du littoral au profil des opérations fructueuses des Azaitar. Ces derniers voient la réalisation de leur restaurant compromise. «Les documents liés à ce projet doivent être rendus publics ou approuvés, ils doivent être réexaminés et réajustés si leur contenu n’est pas compatible avec les orientations en vigueur. Les projets d’opérations contraires à la loi et réalisés sur la frange littorale incluse dans le domaine public maritime doivent être refusés», insiste un acteur associatif hostile au chantier des Azaitar.