La manifestation dénonce les actes antimusulmans, après avoir divisé la gauche et suscité les critiques de divers courants politiques.
C’est peu dire que l’annonce de cette manifestation aura déchiré la classe politique. Le défilé contre l’islamophobie visant à dénoncer les actes antimusulmans, s’est élancé dimanche 10 novembre à Paris, après avoir divisé la gauche et suscité de vives critiques de la part du Rassemblement national (RN) pour qui il s’agit d’une alliance avec les «islamistes».
La manifestation, à l’appel de plusieurs personnalités et organisations comme le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) ou encore le Collectif contre l’islamophobie en France, a démarré à 13 heures de la gare du Nord et doit arriver vers 16 heures place de la Nation. Une dispersion est prévue vers 18 heures. Un appel a aussi été lancé pour une manifestation à Toulouse.
Le message initial était de dire «STOP à l’islamophobie», à la «stigmatisation grandissante» des musulmans, victimes de «discriminations» et d’«agressions» dont «l’attentat contre la mosquée de Bayonne (…) est la manifestation la plus récente». Mais depuis l’appel à manifester lancé le 1er novembre, quatre jours après l’attaque de Bayonne et sur fond de débat ravivé sur le port du voile et la laïcité, la classe politique se déchire autour de la participation à ce rassemblement, notamment en raison de l’identité de certains signataires de l’appel comme le Collectif contre l’islamophobie (CCIF), accusé de liens avec les Frères musulmans.
La notion même d’«islamophobie» ainsi que l’identité de certains signataires de l’appel ont conduit une partie de la gauche à ne pas s’y associer, au PS ou au PRG, ou encore à relativiser leur soutien initial. Parmi les autres points cristallisant la tension, l’évocation ambiguë dans l’appel initial de «lois liberticides» : est-il fait référence aux lois de 2004 interdisant le voile à l’école et 2010 interdisant la burqa, comme le soutiennent certains organisateurs ? Ou à d’autres textes ?
«Il y a une volonté de saboter la manifestation, évidemment», dénonce le conseiller municipal de gauche à Saint-Denis, Madjid Messaoudene, un des initiateurs de l’appel.
L’élu pense «qu’il y aura beaucoup de monde» à cette «marche progressiste», car «il y a un contexte où les gens ont besoin de dire ça suffit». De nombreuses personnalités, notamment politiques, sont attendues.