La participation politique des Marocains résidents à l’étranger revient sur le devant de la scène. Les députés ont interpellé lundi dernier la ministre déléguée chargée des MRE, Nezha El Ouafi, sur cette question. Plusieurs parlementaires ont insisté sur l’urgence de mettre en place l’arsenal juridique pour rendre cette participation politique des MRE effective, bien avant l’échéance 2021.
Le dossier de la représentativité politique et du droit de vote de la communauté marocaine vivant à l’étranger vient d’être soulevé à la Chambre basse. Les députés, aussi bien de la majorité que de l’opposition, plaident pour la nécessité d’activer l’article 17 de la Constitution qui stipule que les MRE jouissent des droits de pleine citoyenneté, y compris le droit d’être électeurs et éligibles. Ils peuvent se porter candidats aux élections au niveau des listes et des circonscriptions électorales locales, régionales et nationales. Ils plaident ainsi pour le lancement de concertations pour trouver une solution à ce dossier qui traîne depuis une éternité.
Le droit de vote des MRE est un droit démocratique et constitutionnel. Le gouvernement doit ouvrir donc le débat autour de cette question. La préparation de la participation des MRE à la vie politique à travers une représentativité parlementaire effective doit se fait bien avant les élections de 2021. Les députés appellent à lancer des concertations sur ce dossier dans les plus brefs délais. Aujourd’hui, tous les regards sont tournés vers Nezha El Ouafi qui défendait farouchement la cause de la participation politique des MRE quand elle était députée lors de la précédente législature. En effet, elle avait plaidé en tant que parlementaire pour un consensus sur les propositions de loi présentées à la Chambre des représentants pour garantir la représentativité politique des MRE.
Dans ce contexte, soulignons que le PJD avait présenté à la veille des élections législatives de 2016 une proposition de loi qui prône la création de quatre circonscriptions pour garantir au moins 16 sièges aux MRE à la Chambre des représentants tout en prenant en considération le critère démographique et l’ajout d’une treizième région avec la garantie d’une représentativité des femmes résidant à l’étranger.
Même son de cloche du côté de l’Istiqlal qui a déposé en 2014 une proposition de loi prônant de porter le nombre des membres de la Chambre des représentants de 395 à 455 pour inclure quelque a 60 MRE élus au niveau des circonscriptions électorales qui seront définies par décret [NDLR : 70% pour la région européenne, 15% pour la région africaine, 10% pour la région américaine et 5% pour la région arabo-asiatique]. Quant au groupe parlementaire socialiste, il avait proposé de consacrer 30 sièges aux MRE.
Rappelons qu’en 1984, une fenêtre temporaire s’est ouverte pour l’expression politique des MRE. Le gouvernement marocain avait alors organisé les premières élections pour élire des représentants des MRE. Le décret n°2-54-515 du 16 août 1984 créant et énumérant les circonscriptions électorales déterminait cinq circonscriptions électorales de l’étranger avec cinq députés de l’émigration. Les postes étaient pourvus comme suit : deux pour la France, un pour l’Europe du Nord et de l’Est, un pour l’Europe du Sud, l’Amérique et l’Afrique à l’exception de l’Afrique du Nord et un pour le monde arabe. Ce découpage électoral ne permettait pas aux députés de l’étranger d’établir un lien étroit avec leur électorat, ni d’avoir les moyens appropriés pour défendre efficacement les intérêts d’une population aussi variée, étalés sur plusieurs continents.
Cette expérience se caractérise certes par des insuffisances et des limites, mais aussi par des aspects positifs qui mériteraient d’être capitalisés. Aujourd’hui, l’enjeu est de tirer les enseignements de l’expérience précédente pour mettre au point un nouveau système efficace et plus représentatif.