Le gouvernement espagnol «allouera 500 000 euros supplémentaires en 2024 pour répondre aux besoins des séquestrés sahraouis vivant dans les camps de Tindouf, en Algérie, portant le total à 12,1 millions d’euros, confirmant ainsi son statut de principal donateur», a déclaré le directeur de l’Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (AECID), Antón Leis, lors de son intervention devant la Commission de coopération internationale du Congrès. Selon Madrid, la situation des populations vivant dans les camps est «catastrophique.»
Selon la même source, en 2023, «11,6 millions d’euros ont été alloués, et cette année, nous pensons que ce montant pourrait augmenter de 500 000 euros, atteignant ainsi 12,1 millions d’euros». L’Espagne, a-t-on affirmé, «se situe au-dessus de l’Union européenne, qui contribue avec neuf millions d’euros. Il a également précisé que 50 % des fonds sont destinés à l’assistance alimentaire, la grande priorité dans ce contexte.»
Madrid est «alarmé» de la détérioration franche de la situation humanitaire dans les camps de Tindouf, «où 81 % de la population dépend de l’aide humanitaire et où les rations alimentaires ont été réduites.»
Le détournement des aides alimentaires à Tindouf est souvent au centre de controverses concernant la distribution et l’utilisation des aides humanitaires internationales. Les camps des séquestrés, abandonnés par Alger, dépendent largement de l’assistance fournie par des organisations internationales telles que le Programme alimentaire mondial (PAM) et des ONG. Selon les rapports du PAM, environ 6,8 millions de dollars par an sont nécessaires pour répondre aux besoins alimentaires de la population sahraouie dans les camps. Cependant, des allégations de détournement et de mauvaise gestion des fonds ont été récurrentes, avec une enquête officielle en 2021 révélant que seulement 40 % de l’aide humanitaire atteignait réellement les bénéficiaires.
Un rapport de l’ONG Human Rights Watch de 2020 a indiqué que des produits alimentaires étaient revendus sur le marché noir, et des témoignages de séquestrés ont suggéré que certaines aides étaient redirigées vers des élites au sein des camps au détriment des populations les plus vulnérables. Les accusations de détournement impliquent souvent le Front Polisario, qui contrôle la distribution de l’aide. En 2015, une enquête menée par l’Union européenne a révélé des anomalies dans la gestion des aides, et un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales en 2016 a estimé qu’environ 50 % des vivres distribués étaient susceptibles d’être détournés ou mal utilisés.
Face à ces réalités, des pays donateurs comme l’Espagne et la France ont exprimé leurs préoccupations. En 2019, l’Espagne a suspendu une partie de son aide, demandant une meilleure transparence dans la distribution. La Commission européenne a également insisté sur la nécessité de réformes dans la gestion des aides. Selon un rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), près de 22 % des enfants dans ces camps souffrent de malnutrition chronique, affectant leur développement physique et mental.