La montée des frictions entre l’Algérie et les États-Unis est devenue palpable ; «Alger considère que certaines des politiques des administrations Trump et Biden sont préjudiciables aux intérêts vitaux de l’Algérie et à ceux du grand Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord», affirme le site turc TRT World.
Tout au long de la présidence de Barack Obama, «Washington a dû faire face à des groupes extrémistes violents en Libye tels que Daech. Ailleurs comme en Algérie, au Mali et en Tunisie, il y a eu des actes de terrorisme meurtriers perpétrés par des factions armées comme Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Face à toute cette instabilité chaotique et ces violences dans la région, l’administration Obama avait ses raisons de vouloir garder l’Algérie sous son oeil Mais, comme l’a expliqué Jalel Harchaoui, chercheur principal à la Global Initiative Against Transnational Organized Crime, avec la perte de contrôle de Syrte par Daesh fin 2016 et la baisse de la menace globale du terrorisme au Maghreb du point de vue de Washington, les États-Unis ont commencé à considérer l’Algérie comme moins un partenaire précieux».
La décision de Trump en décembre 2020 de reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental était problématique pour l’Algérie. «Alger a été pris au dépourvu lorsque Trump a livré aux Marocains ce dont ils rêvaient depuis des décennies. Ce fut une percée diplomatique irréversible pour le Maroc, a expliqué Harchaoui.»
«L’alliance d’Israël avec le Maroc pourrait signifier qu’à long terme Rabat deviendrait militairement supérieur à Alger et dominant dans la région», a déclaré Riccardo Fabiani, directeur du projet Afrique du Nord pour l’International Crisis Group. «Les Algériens craignent de devenir vulnérables au Maroc et à Israël à long terme, si ces deux États continuent de coopérer.»
«La Syrie est également un point de discorde. L’Algérie est déterminée à voir la Syrie revenir dans la Ligue arabe. Ayant pris il y a des années une position pro-gouvernementale sur la crise syrienne, l’Algérie est fermement favorable à la réintégration du régime de Damas dans le giron diplomatique de la région arabe. Le gouvernement américain s’oppose fermement à tout effort visant à légitimer le président Bachar al Assad et continue d’appeler les États arabes à résister à la tendance actuelle à la normalisation des relations avec Damas», note la même source.
«Alors que les liens Tel Aviv-Rabat s’approfondissent, il y a des Marocains et des Israéliens – ainsi que des voix néo-conservatrices à Washington – qui accusent l’Algérie d’avoir aidé à déstabiliser les activités iraniennes dans la région. Le récit est que l’Algérie est en train de devenir un conduit pour l’expansion infâme iranienne au Sahel et dans d’autres parties de l’Afrique», a-t-on noté.
«La principale raison de la retenue de l’Algérie à l’égard de Washington doit être recherchée dans sa volonté de maintenir les liens avec ses partenaires occidentaux», a déclaré l’analyse Umberto Profazio. «À une époque où les relations d’Alger avec la France sont au plus bas, s’aliéner également les États-Unis s’avérerait coûteux en termes diplomatiques, entraînant un isolement croissant du pays dans le paysage régional et international.»