Le chef de la cellule terroriste démantelée mercredi dans le Nord-Est du Maroc, résidant dans la ville espagnole de Guadalajara, a été arrêté, le 5 décembre dans une mosquée de Melilla après la prière du vendredi, ont affirmé des sources de la lutte antiterroriste à l’agence espagnole EFE.
La police antiterroriste marocaine a annoncé le démantèlement, le 5 décembre dernier, d’une cellule djihadiste ayant des liens avec le groupe État islamique (EI) et l’arrestation de ses quatre membres, au cours d’une opération conjointe menée les autorités marocaines et espagnoles. Abdelhak Khiam, le directeur du Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ, organe central antiterroriste), a déclaré hier dans une interview à EFE que les trois individus arrêtés au Maroc, tous résidents de la région au sud de Melilla, ont franchi la frontière dans des périodes rapprochées. Les personnes arrêtées au Maroc, âgées entre 24 et 39 ans, exerçaient divers métiers : l’un est peintre au pinceau, le deuxième garagiste occasionnel à Melilla et le troisième se livrait au commerce atypique de marchandises entre Melilla et les villes y attenant.
Les arrestations ont eu lieu simultanément à Guadalajara, Beni Ansar et Farhana, localités situées à la périphérie de Melilla, dans le cadre d’une opération coordonnée par la police marocaine et espagnole. Les autorités espagnoles ont déclaré que le détenu de Guadalajara était le «dynamiseur» de la cellule et qu’il avait adopté de nombreuses mesures de sécurité dans ses activités et communications en ligne, telles que l’utilisation d’applications de messagerie instantanée sécurisées et de différentes lignes de téléphonie mobile, en plus d’utiliser se connecter à Internet via les réseaux publics.
Avant leur interpellation, a déclaré M. Khiam, les membres de la cellule «avaient intensifié leur cyber-activisme», et qu’ils avaient été étroitement surveillés par la police des deux pays pendant un certain temps. «On sait que les quatre membres de la cellule avaient créé un groupe WhatsApp où ils avaient proclamé leur loyauté à l’État islamique, d’abord à l’émir Abubakr al Baghdadi (tué dans une opération américaine le 26 octobre) puis à son successeur, Abou Ibrahim al-Hachimi al-Qourachi.
L’activité principale de ce groupe a été le recrutement de volontaires pour combattre dans la région syro-irakienne, mais M. Khiam a déclaré qu’il était prématuré de déterminer s’ils avaient «réussi à envoyer des combattants dans la région ou combien d’adhérents ils avaient réussi à recruter». En ce qui concerne le fait que la cellule se soit réunie dans une mosquée de Melilla, M. Khiam a insisté sur la « nécessité d’institutionnaliser les lieux de culte » et de mettre fin à ce qu’il a appelé «les mosquées anarchiques». Aucune arme n’a été trouvée en possession des membres de la celulle, mais du matériel électronique, des téléphones portables, des manuscrits extrémistes et des cagoules ont été confisqué, a indiqué M. Khiam.
Le directeur du Bureau central d’investigations judiciaires a une nouvelle fois salué la coopération «exemplaire» entre l’Espagne et le Maroc, qui a déjà permis la réalisation de dix opérations conjointes et simultanées de démantèlement de cellules, mais a nié que Rabat ou ses services de renseignement aient été à l’origine de l’alerte lancée par le ministère espagnol des affaires étrangères sur le risque pour les Espagnols de se rendre la région algérienne de Tindouf.
C’est le front polisario qui a affirmé que cette alerte, qu’il a qualifiée de non fondée, provenait des services secrets marocains.