Le président algérien malade, Abdelmadjid Tebboune, est rentré dans son pays après une longue absence et a dicté une série d’actions, y compris la dissolution du Parlement. Mais les critiques disent que de telles mesures sont cosmétiques tant que le régime évite les vraies réformes démocratiques et économiques exigées par le Hirak.
Des milliers de personnes ont manifesté, le 16 février, dans l’est de l’Algérie à Kherrata, le berceau du Hirak, à l’occasion du deuxième anniversaire de ce soulèvement populaire contre le régime en place dans le pays, réclamant «le démantèlement du système en place depuis 1962.
Agité par la reprise des manifestations contre son pouvoir, Abdelmadjid Tebboune, qui affronte une longue crise de légitimité, a ordonné la dissolution du Parlement et convoqué des élections anticipées. Il a également annoncé un remaniement du gouvernement dans les prochaines 48 heures et ordonné la libération de 60 détenus du mouvement de protestation qui a contraint son prédécesseur, Abdelaziz Bouteflika, à quitter le pouvoir en 2019.
Cependant, des dizaines d’autres manifestants sont toujours emprisonnés, et les militants continuent d’exiger un profonde refonte de la structure réellement contrôlée par l’armée de l’Algérie. Dans les faits, l’institution militaire se nourrit d’un système politique autoritaire et clientéliste, marqué par l’immixtion croissante des intérêts d’une caste, et l’absence d’institutions stables et transparentes. L’instabilité politique au sommet de l’État en dépit de ses tentatives de rattraper le coup, l’appauvrissement de la population en général, et des classes moyennes en particulier, ont encore aggravé la crise affrontée par le pays et ont compliqué les rouages et les modes de mise en œuvre des réformes voulues.
Tebboune a déclaré dans un discours télévisé que dans les 48 heures, il remplacerait les ministres du gouvernement «qui n’ont pas été à la hauteur de leurs responsabilités», sans préciser l’identité des concernés par ses propos.
Les jeunes manifestants du Hirak et les militants pour la démocratie ont maintenu leurs appels au départ du régime lui-même car ils perçoivent le président malade comme une marionnette dont les ficelles sont tirées par une élite militaire corrompue et vieillissante.
Comme son prédécesseur, Tebboune est également perçu comme physiquement incapable de diriger un pays qui se prépare à une crise économique et sociale qui rappelle celle de la fin des années 1980. L’actuel président a été absent du pays depuis des mois pour suivre un traitement en Allemagne après avoir contracté la Covid-19.
Les critiques déplorent également que l’Algérie se dirige droit vers l’abîme après avoir dilapidé une grande partie de ses richesses pétrolières et gazières sans entamer de véritables réformes économiques qui allégeraient sa dépendance aux hydrocarbures.
Le coronavirus a encore exacerbé la crise au milieu d’une chute du dinar, de l’inflation, de la hausse du chômage et de la montée de l’insécurité à travers le pays. Le caractère centralisé du régime a autorisé une mainmise de l’élite dirigeante sur les biens de l’État, à son profit et à celui de ses proches. Le Hirak réclame l’assainissement de secteurs clés, sources d’investissements publics importants, et qui sont contrôlés par la nomenklatura, essentiellement la hiérarchie militaire véreuse : l’agriculture et les hydrocarbures.






