A quelques mois des élections, le gouvernement a présenté son bilan relatif à la troisième année de sa mandature (avril 2019-mars 2020) après avoir présenté les bilans des deux années précédentes depuis son investiture en avril 2017.
Alors que le Chef du gouvernement fait l’éloge des avancées enregistrées durant l’actuel mandat, Abdeslam Seddiki, économiste et homme politique marocain, affilié au Parti du progrès et du socialisme (PPS), rappelle, dans un billet publié sur le site du parti, que programme gouvernemental « ne comporte pas de mesures chiffrées à l’exception de rares chiffres d’ordre macro-économique, lesquels ont perdu toute signification sous l’effet de la crise sanitaire et économique. Tout au mieux, y sont annoncées des mesures sous forme de déclarations d’intention : sans chiffrage, sans calendrier et sans évaluation de coût ».
Ainsi, tout exercice de comparaison entre le réalisé et le prévu relève de l’arbitraire et d’une pure création de l’esprit. « Dès lors, on ne comprend pas sur quelles bases le Chef du gouvernement, s’est permis d’annoncer que 56% des mesures prévues par le programme gouvernemental sont déjà entièrement réalisées, que 33% sont en cours de réalisation, 4% sont en phase de lancement et 7% sont bloquées ou non encore lancées », précise Abdeslam Seddiki.
L’économiste pointe du doigt les « réalisations et les grandes réformes » du gouvernement. « Pour soutenir le secteur du commerce, le gouvernement œuvre « pour la préparation d’une stratégie nationale de développement du commerce » (p.50). C’est avec la même légèreté qu’il aborde d’autres secteurs aussi importants que la PME, l’artisanat l’économie sociale ou le tourisme. Pour promouvoir les PME, on compte sur le nombre de déplacements, de foires internationales, conférences et réunions auxquelles on a assisté ! (p.51) (…) A longueur du texte, que d’anomalies relevées, que de platitudes annoncées dans le mépris de notre intelligence collective en tant que citoyens (…) De la pure littérature en somme !« , relève-t-il.
« La question qui se pose en définitive est la suivante : le gouvernement a-t-il suffisamment de courage politique pour venir devant le Roi et le peuple et reconnaître son incapacité à gérer les affaires du pays et apporter des solutions aux multiples défis qu’il affronte dans une conjoncture de crise généralisée? Seuls de grands dirigeants et des hommes d’Etat d’envergure seraient en mesure de le faire. C’est loin d’être le cas chez nous où la devise « j’y suis, j’y reste » fait encore partie d’un certain archaïsme de gouverner », conclut-il.