Une nouvelle bourde, et pas des moindres, s’ajoute au sombre bilan de Hassan Abyaba, ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports. Aux dernières nouvelles, le ministre – qui occupe également la fonction de porte-parole du Gouvernement, sans réellement en avoir les compétences – a réservé le plus minimaliste des accueils aux écrivains marocains qui ont pris part à la Foire internationale du Livre à Bruxelles.
Le spectacle décrit par plusieurs écrivains marocains conviés à la Foire du Livre à Bruxelles a de quoi mettre en colère. Gardons en tête que le Maroc était l’invité de d’honneur de cette édition. Plusieurs écrivains se sont soulevés pour mettre à nu l’humiliation, la mauvaise organisation, le favoritisme et surtout l’incompétence du ministère de la Culture. L’écrivaine Baha Trabelsi atteste dans l’un de ses articles, que, dès son arrivée à Bruxelles, aucun représentant du ministère de la Culture pour l’accueillir ou la diriger. Elle se dirige à son hôtel seule, et s’y installe seule. Elle apprendra plus tard que l’équipe du ministère était logée dans un hôtel cinq étoiles, Le Plazza. Les écrivains, eux, ont été logés au Thon Hotel, un quatre étoiles, et pourtant, ce dernier n’était pas complet. Un déplacement qui avait l’allure d’un voyage touristique tout frais payés pour l’équipe du ministère de la Culture. Si la prise en charge était impeccable pour ces derniers, les écrivains eux, ont du payer leurs repas de leur propre poche, prélevés de leur dotation voyage de tourisme, continue Baha Trabelsi. Le ministère leur avait promis qu’ils serait remboursés à hauteur de 3.000 dirhams à leur retour au Maroc. Encore heureux ?
Il ne s’agit surement pas d’un manque de moyens du côté du ministère de la Culture puisque nous sommes toujours en début d’année, et que les budgets ont été distribués tout récemment. Le ministère de la Culture était donc parfaitement capable de prévoir des dotations supplémentaires pour couvrir la pension de ses invités, comme il en a prévu une pour gâter ses responsables. Et encore, les responsables du département d’Abyaba ont le culot de dire aux écrivains « que voulez-vous de plus ? Nous vous faisons de la publicité ! », comme le rapporte Baha Trabelsi. Soit-il loué, ce saint ministère de la Culture !
Arrivés à la Foire qui mettait à l’honneur notre pays, les écrivains marocains n’avaient reçu aucun badge ou invitation, et se sont fait refuser l’entrée de la Foire. Pire : ce n’est pas les responsables marocains qui les ont fait rentrer, puisque les téléphones de ceux-ci étaient hors zone, ce sont des organisateurs belges. Etre à l’honneur se traduirait-il pour Abyaba par être en vacances ? aux frais de la princesse ? Une organisation que Mounia Hachim, une autre écrivaine participante, dénonce sur sa page Facebook également.
Une deuxième écrivaine, Sanae El Aji, dresse un portrait encore plus désolant de l’organisation du stand marocain. Même cette publicité, dont le ministère de la Culture se targue de faire aux auteurs, n’avait rien de satisfaisant. Les écrivains sont rentrés au stand marocain, pour trouver leurs livres empilés sur les tables, entassés dans des cartons. Comble de la bêtise, le ministère de la Culture n’avait pas mis à la disposition des écrivains tous leurs ouvrages, et les plus chanceux en avaient reçu 4 ou 5 copies. Sanae El Aji, dans un article, se désole : « le ministère a traité les écrivains comme s’ils devaient d’estimer heureux d’être venus à Bruxelles, d’avoir participé à la Foire du livre (…) l’écrivain retourne au Maroc avec un profond sentiment d’humiliation ».
La mascarade ne s’arrête pas là. Au programme de la Foire du livre, un cycle de conférences et de tables rondes auxquelles les écrivains devaient participer. Bien sûr, les écrivains devaient être rémunérés pour cela puisque ce genre d’événement nécessite une préparation, de la recherche et donc, un travail intellectuel. Et bien, non, les écrivains n’ont rien touché, comme le confirment Baha Trabelsi et Sanae El Aji. Le week-end, pour la clôture, les auteurs marocains ont constaté que des dédicaces étaient organisées partout dans la foire du livre sauf sur le stand Maroc.
Que Hassan Abyaba s’emmêle les pinceaux à chaque phrase qu’il prononce, cela, nous nous y étions presque habitués. Mais jusqu’à quand continuerons-nous à supporter l’humiliation que celui-ci inflige à l’image du Maroc, tant au plan national qu’international. Abyaba est incapable de formuler une phrase à la syntaxe correcte, mais il est décidément tout aussi incapable de fournir les conditions minimum d’un déplacement professionnel à des personnalités qu’il a conviées à un événement d’ampleur international.
Dire que la culture est l’enfant pauvre du gouvernement est d’autant plus désolant que le gouvernement lui-même la traite en tant quel, en mettant à sa tête un homme à compétences zéro. Nous l’avions déjà écrit, à sa mise en fonction, Abyaba avait surtout l’air de se préoccuper des avantages que lui offre son statut de ministre. La première de ses préoccupations était d’acquérir de nouvelles voitures de service, ainsi que tous les autres avantages gouvernementaux qui viennent avec son nouveau travail. Le ministère de la Culture est malheureusement devenu le reflet d’Abyaba, avec des responsables qui se soucient davantage de loger dans des hôtels luxueux que de faire leur travail.
Le ras-le-bol est réel. Le ministère de la Culture, depuis qu’Abyaba le dirige, peut avoir honte du bilan plus que désolant qu’il affiche. Comment peut-on se permettre de traiter ainsi des écrivains, des vecteurs du savoir et des piliers de la culture ? Au vu de la manière avec laquelle il s’exprime, l’on peut deviner qu’Abyaba tient rarement des livres pour en connaitre l’importance. Au moment où le Maroc organise et participe à des manifestations culturelles mondiales – dont certaines ont même une dimension diplomatique, s’ouvre sur le monde, peaufine son image, et s’améliore continuellement, comment ce ministre, réputé plus proche du PJD que de son propre parti, peut-il négliger cet aspect crucial de la culture ?






