La situation périlleuse au Sahel pousse l’Algérie à se restructurer militairement, allant jusqu’à procéder à une remise à plat de sa présence stratégique sur plusieurs frontières.
Le régime algérien voit dans les bouleversements actuels au Sahel de graves inconvénients pour l’avenir et aucun avantage dans le présent. Peu connu pour ses habitudes de prévoyance lointaine, il multiplie les antagonisme les pays voisins, comme le Mali, qui a annoncé en janvier la «fin, avec effet immédiat», de l’accord d’Alger signé en 2015 avec les groupes dissidents du nord du pays, une décision marquant le bannissement de l’ascendant algérien dans la région.
Pour Radio France internationale (RFI, média français à diffusion internationale), «Alger cherche à tout prix à éviter le déclenchement d’une guerre civile au nord du Mali. Elle craint notamment que ces affrontements engendrent un afflux de réfugiés et une possible infiltration de certains éléments terroristes sur son territoire. La présence des supplétifs de l’armée malienne parmi les Wagner et les syriens pro-turc à sa frontière l’inquiète également au plus haut niveau».
Selon la même source, les derniers développements ont d’ailleurs poussé le régime algérien «à redéployer discrètement son armée à ses frontières avec le Mali et le Maroc. Des diplomates algériens voient dans ces changements une reconfiguration des alliances dans la région.»
La révocation de l’accord d’Alger est un revirement si considérable pour le régime algérien, lequel discutait secrètement avec des mouvements maliens accusés de «collusion de plus en plus manifeste avec les groupes terroristes». Les journaux maliens ont insinué, à plusieurs reprises déjà, que l’Algérie avait sur le Mali des visées coupables, reprochant au pouvoir de Tebboune d’être derrière une série d’incidents fâcheux, couronnés par des négociations non annoncées avec des formations antigouvernementales.
Les opposants au régime algérien rendent volontiers responsable le régime actuel de l’espèce d’éclipse qu’a subie, depuis vingt ans, l’influence algérienne au Sahel. Pour Chawki Benzahra, «les relations de l’Algérie avec les pays du Sahel ont subi une sérieuse modification à cause de plusieurs incidents politiques qui pouvaient entraîner des complications inattendues». Pour lui, «l’obscurité qui pèse sur la façon avec laquelle le régime algérien envisage les redoutables problèmes au Sahel inspire aux pays de cette bande une certaine réserve qui n’a jamais cessé, d’ailleurs, de s’agrandir.»