Encore une grosse prise à l’aéroport Mohammed V de Casablanca: En effet, une ressortissante hongroise en transit à Casablanca y a été interpellée avec 4 kilos de cocaïne. Cette saisie confirme, une fois de plus, que le Maroc reste aux yeux des trafiquants un espace de transit de première importance.
En témoigne la série d’arrestation réalisées en 2015 dans le premier aéroport du pays. Il y avait cette Lituanienne et ce Guinéen, stoppés en possession de 13 kilogrammes de cocaïne pure, en provenance de Sao Paolo. Cinq jours plus tard, c’était un Nigérian, lui aussi en provenance du Brésil et à destination d’Abidjan, qui était en possession de près de 3 kilos. Sans oublier le cas de cette Sierra-Léonaise qui avait été appréhendée par les autorités marocaines avec 10 kilogrammes de cocaïne importés du Brésil et à destination du Libéria. Et puis ces deux Capverdiennes arrêtées en possession de 6 kg de poudre blanche. Ou encore ce Burkinabé avec 3 kilogrammes de coke et ce Sierra-Léonais avec 5 kilos dans ses bagages. Tous avaient fini leur route (vers l’Afrique le plus souvent, parfois vers l’Europe) dans les bureaux des services de la Douane et de la DGSN.
Ces 15 dernières années, il faut savoir que les trafiquants, venus d’Amérique du Sud, se sont implantés en Afrique pour échapper aux mesures de plus en plus fermes prises dans leurs pays d’origine. Le golfe de Guinée est ainsi devenu un véritable carrefour de drogues et de la piraterie moderne. Depuis, le mouvement s’est amplifié : si les parrains des mafias locales restent originaires d’Amérique du Sud, le réseau s’est élargi à de nombreux africains qui servent de mules. Ils risquent leurs vies ou de lourde peines de prison pour de maigres salaires lors de traversées en avion ou en bateau.
Le Maroc fait partie des 10 pays de la Méditerranée – avec l’Algérie, la Libye, la Mauritanie, la Tunisie, l’Espagne, la France, l’Italie, Malte et le Portugal- qui sont aujourd’hui associés pour coordonner leurs efforts. Cela se traduit dans le cadre des activités du Centre pour la lutte anti-drogue en Méditerranée, le CECLAD-M, installé dans la base maritime de Toulon, opérationnel depuis 2009.
Ce centre sert à organiser l’action des autorités dans les pays associés, sachant que l’essentiel du stock de poudre passe par l’Afrique de l’Ouest avant de rejoindre l’Europe, premier consommateur de la région. C’est ainsi que quantité de cocaïne atteint la Méditerranée via les grands déserts du Sahel et du Sahara avant d’être acheminée en Europe avec des bateaux aux moteurs surpuissants, qui peuvent atteindre 5 nœuds, soit près de 90 kilomètres à l’heure. On les appelle les « go-fast », ceux-là même qui, chargés de résine de cannabis, font la navette entre le Maroc et l’Espagne.