Depuis déjà plusieurs mois, nous, Marocains, connaissions certains traits de caractère du président tunisien, Kaïss Saied, lorsqu’il avait réceptionné l’hôpital de campagne marocain, alors que l’épidémie du Coronavirus faisait des ravages en Tunisie.
En universitaire soi disant «progressiste», qui instaura une nouvelle dictature, alors que le peuple tunisien croyait avoir tourné la page de Zine El Abidine Ben Ali, Kaïss Saied adressa ses remerciements à «nos frères», sans aucune référence à la plus haute autorité marocaine qui avait pris l’initiative d’envoyer cette aide au peuple tunisien frère.
Se présentant comme un chantre de la justice, de l’équité et de l’égalité des Tunisiens, un chantre des droits de l’homme, de la démocratie et du respect du jeu démocratique, Kaïss Saied renversa l’ordre constitutionnel mis en place par la Constituante, au lendemain des émeutes de 2011 et l’abolition de la dictature de Ben Ali. Il décidera seul, au lieu et place des Tunisiens de l’ordre constitutionnel qui devrait convenir aux Tunisiens, suivant son tempérament, en menaçant l’opposition de poursuites judiciaires. Bref, il instaura un Etat de non droit, pour pouvoir gouverner, seul, suivant ses désirs et sa volonté.
Au plan intérieur, le pays est plongé dans une grave crise économique et sociale. Aucune perspective d’embellissement, une décennie après l’abolition de l’ancien régime. Les Etats unis d’Amérique et certains pays européens ont gelé l’aide et l’assistance économique et financière à la Tunisie, en exigeant le rétablissement de la démocratie et la mise en place de réformes. Le Fonds monétaire international gèle son assistance à la Tunisie. Les salaires des fonctionnaires tunisiens seraient en partie payés par l’Algérie, qui met à profit cette crise, pour mettre au pas Kaïss Saied et obtenir son adhésion à ses causes dans le contexte des graves dérives diplomatiques internationales de l’Algérie et la crise multidimensionnelle qui couve dans ce pays pétrolier et gazier.
Le système de Kaïss Saied et celui de la junte algérienne peuvent à juste titre se targuer de partager certains sinistres registres de la répression, de l’intimidation de l’opposition, de la miniaturisation des partis politiques, de l’abolition des pratiques démocratiques. En constitutionnaliste, Kaïss Saied vient d’abolir toutes ses théories sur la séparation des pouvoirs, les droits des partis politiques et le rôle de la justice. Il semblerait que Kaïss Saied soit, lui aussi, un fan des grandes prouesses démocratiques de l’Algérie, un pays pétrolier et gazier, dont le peuple est vouée depuis des décennies aux bousculades pour se procurer ses cartons de lait, des bidons d’huile, ou encore ses rations de lentilles et de pommes de terre.
Kaïss Saied défend énergiquement la souveraineté de la Tunisie, en ne proposant rien au peuple tunisien, qui attend depuis plus d’une décennie l’amélioration des ses conditions de vie. Comme la presse algérienne qui nous accuse d’avoir fomenté des incendies de forêt en Kabylie, l’année dernière,certains journalistes tunisiens sont vite allés à la besogne, en annonçant l’arrivée à Tunis «du président Brahim Ghali, venant de Laayoune, au Sahara occidental».
L’argumentation avancée par la Tunisie pour justifier l’accueil officiel et l’invitation de Brahim Ghali reste éphémère, à mon avis. La Tunisie ne reconnaissant pas la RASD, Brahim Ghali n’avait pas droit à un accueil officiel, de surcroit de la part du président Tunisien. L’impact de la décision tunisienne reste également éphémère et dérisoire, comme son vote au Conseil de sécurité.
Une nouvelle gaffe monumentale de Kaïss Saied, qui entendait renvoyer l’ascenseur à son homologue algérien, lequel l’avait aidé en calmant les ardeurs de l’UGTT au sujet de la nouvelle Constitution.
*journaliste et écrivain