Le chef du Front Polisario, visé par deux plaintes pour «tortures» et «génocide», a été secrètement hospitalisé en avril 2021 à Logroño pour des complications liées à la Covid-19.
«Pour moi, c’est un chapitre qui appartient au passé» : L’ancienne ministre des affaires étrangères espagnole, Arancha González Laya, est revenu encore une fois sur l’affaire Ghali dans une interview accordée au site El Periódico. Décrivant Brahim Ghali comme «un citoyen espagnol», qui «avait besoin d’une aide immédiate», elle a reconnu que les relations bilatérales «ne seront bonnes que si elles sont gérées en coresponsabilité, tout en représentant les intérêts des parties» impliquées. Elle a également assumé que la question Ghali «a pris le caractère d’une grave question politique.»
Incapable de justifier pourquoi Madrid n’a pas averti Rabat avant d’accueillir le chef du Polisario, Laya botte en touche en optant pour un expédient dilatoire. «C’est qu’il s’agit de problèmes qui passent par différents canaux. L’Espagne a toujours été très claire sur la nécessité de rechercher une solution concertée [concernant le dossier du Sahara] ce qui est très important, conformément au principes du droit international et en accordant un soutien sans faille à l’action des Nations unies», a-t-elle précisé, avant de souligner qu’il ne faut pas «restreindre la capacité de l’Espagne à exercer sa politique étrangère.»
Toutefois, la justice espagnole a admis que «Laya et son ex-directeur de cabinet avaient poussé l’esprit de dissimulation jusqu’à son extrême degré.» Les éléments de preuve qui établissent la responsabilité de Laya dans cette affaire sont déjà nombreux, et les griefs marocains n’étaient que trop établis. Quelles que fussent les véritables intentions du gouvernement espagnol, sa résistance passive aux injonctions algériennes ne pouvait, dans les circonstances, qu’exciter une crise majeure, sachant que Brahim Ghali avait déjà été cité à comparaître depuis 2016 pour une plainte contre lui pour crimes contre l’humanité, mais il avait finalement annulé son voyage pour ne pas être arrêté.
La scandale Ghali est d’autant plus considérable puisque celui-ci est arrivé le 18 avril 2021 en Espagne à bord d’un avion médicalisé de la présidence algérienne et muni d’un «faux passeport diplomatique». Il a ensuite été admis à l’hôpital de Logroño sous un faux nom. Rabat, qui accuse Brahim Ghali d’être un «criminel de guerre», a sans cesse réclamé une enquête «transparente» sur les conditions de son arrivée en Espagne.