Les ministres des Affaires étrangères de l’UE ont décidé lundi l’adoption de nouvelles sanctions ciblées contre les responsables du traitement infligé à l’opposant russe Alexei Navalny, ont indiqué à l’AFP plusieurs diplomates.
Un «accord politique» pour de nouvelles sanctions ciblées a été trouvé au cours d’une réunion des ministres des Vingt-Sept, et le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a été chargé de proposer une liste de noms de responsables russes à sanctionner, ont précisé les diplomates. Aucun oligarque ne devrait être concerné, selon eux.
L’accord a été trouvé à l’issue d’une longue discussion entre les ministres, mais aucun nom ne sera cité à l’issue de la réunion. «Il s’agira de sanctions ciblées, proportionnées et fondées juridiquement», a expliqué un des diplomates.
Les sanctions devraient viser «des responsables de l’appareil policier et judiciaire responsables du traitement inacceptable d’Alexei Navalny», a indiqué le chef de la diplomatie autrichienne Alexander Schallenberg à son arrivée à la réunion.
«Il n’est guère possible de sanctionner les oligarques. Nous ne pouvons agir que contre des fonctionnaires, et cela uniquement si nous avons des preuves», a pour sa part souligné le chef de la diplomatie du Luxembourg Jean Asselborn.
«S’il s’agit de sanctionner dix fonctionnaires du Kremlin qui n’aiment pas voyager à l’étranger et n’ont pas de biens à l’étranger, alors ça ne sera pas douloureux et cela ne transmettra pas le message», a averti Leonid Volkov, un proche d’Alexeï Navalny, venu à Bruxelles plaider pour des sanctions européennes contre les oligarques proches du Kremlin.
«Pour nous, cela va signifier que nous devons continuer notre lutte pour convaincre», a-t-il ajouté.
Le Kremlin avait adressé une mise en garde aux Européens avant leur réunion. Moscou est «prêt à réagir» en cas de «nouveau cycle de mesures restrictives, unilatérales, illégitimes», a averti l’ambassadeur russe auprès de l’UE, Vladimir Chizhov, dans un entretien au quotidien allemand Die Welt.
Alexeï Navalny, 44 ans, a été arrêté en janvier à son retour d’Allemagne où il avait été soigné après avoir été empoisonné en Russie. Poursuivi pour une fraude datant de 2014, il a été condamné à purger une peine d’environ deux ans et demi de prison. Il a également été reconnu coupable de «diffamation» envers un vétéran de la Seconde Guerre mondiale et condamné à une amende de 850 000 roubles (environ 9500 euros).
L’UE a dénoncé une «politisation» de la justice russe et exigé la libération sans condition de l’opposant.