Afaf Bernani assurait qu’il s’agit de «montages.» Pour ses avocats, les images ne permettaient pas d’identifier formellement Toufik Bouachrine. Un film à contenu explicite, dévoilé en fin de semaine, remet en cause ces affirmations. Par ailleurs, la déposition de Bernani, récoltée par la police, était fidèle à ses déclarations originales.
Nouveau rebondissement dans l’affaire de Toufik Bouachrine. L’une des plaignantes, condamnée à six mois de prison ferme pour avoir contesté une déposition dans laquelle la police avait précisé qu’elle dénonçait le harcèlement sexuel de son ancien patron, est apparue avec ce dernier dans un enregistrement vidéo à caractère explicite. Celle qui a été poursuivie pour «fausse déposition» et «diffamation» a, donc, menti, puisque l’exposé des faits produit par les autorités s’est avéré authentique. L’officier qui l’avait entendue, avait lui aussi déposé plainte contre elle, muni d’un enregistrement de son audition.
Afaf Bernani, 32 ans, devenue grâce aux bons offices de ses connaissances coordinatrice d’Amnesty International en Afrique de Nord malgré son inexpérience, faisait partie des quinze parties civiles recensées par la justice comme des victimes présumées de Toufik Bouachrine, ancien directeur déchu du quotidien Akhbar Al-Yaoum réputé proche du PJD, poursuivi pour des violences sexuelles avant d’être gracié en 2024.
Arrêté le 23 février 2018 et incarcéré à la prison de Casablanca, Bouachrine a été jugé notamment pour «traite d’êtres humains», «abus de pouvoir à des fins sexuelles», «viol et tentative de viol.»
Le procureur général du roi près la cour d’appel de Casablanca avait indiqué que les plaignantes dans cette affaire ont subi «des pressions et des menaces» ou «se voient proposer des arrangements financiers.» «Nous avons le devoir de les protéger […] À partir du moment où elles apparaissent dans les vidéos saisies, nous les considérons comme des victimes même si elles ne portent pas plainte», avait-il déclaré.
Coupable de toutes les charges
Le tribunal a reconnu Bouachrine coupable de toutes les charges retenues contre lui et a accordé aux victimes des indemnisations allant de 100 000 à 500 000 dirhams, qu’elles comptent désormais obtenir. La partie civile a estimé que «les indemnisations n’étaient pas à la hauteur des préjudices.»
L’accusation, incontestée, repose notamment sur deux plaintes, trois témoignages à charge et cinquante vidéos saisies dans son bureau lors de son arrestation, parmi lesquelles celui de Afaf Bernani. Ces films très explicites démontrent «des pratiques abjectes et contre-nature», selon les avocats des plaignantes. Une expertise technique menée à la demande du parquet et des parties civiles a confirmé l’authenticité des vidéos.