Le projet de résolution américain sur le Sahara, très contraignant au départ pour le Maroc mais « allégé » par la suite, avant le vote du Conseil de sécurité, vendredi dernier, a beaucoup inquiété le Maroc qui d’ailleurs n’a pas hésité à dénoncer l’attitude Washington en des termes à peine voilés.
Deux jours avant ce vote, un ancien haut responsable du Département de la défense américain, avait proposé que Washington reconnaisse de facto la souveraineté du Maroc sur le Sahara. Mais pour ce faire, car il y a toujours un mais, le royaume devrait dire oui à l’installation sur son territoire de la base d’AFRICOM, actuellement basée Stuttgart (Allemagne).
S’exprimant dans une tribune publiée le 27 avril par le journal US News & World Report, James S. Robbins remet ainsi sur le tapis cette idée qui date de 2008.
A l’époque le Maroc avait poliment dit non à l’Oncle Sam, très impopulaire à cause de son intervention en Afghanistan et en Irak, une intervention militaire que l’opinion publique marocaine, à l’instar des autres dans des pays musulmans, voire même occidentaux, ne pouvait regarder d’un bon œil.
Mais, Robbins, actuellement universitaire et chercheur au Think Tank US, « The American Foreign Policy Council » pense que depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, et que l’ennemi commun à présent est la menace terroriste, d’où un changement opéré dans cette opinion. Il met ainsi en relief la situation sécuritaire en Afrique du Nord qui ne fait que s’empirer à cause de pays déstabilisés par la prolifération de groupes terroristes. Il cite, pèle-mêle, la situation chaotique en Libye suite à l’intervention étrangère dans ce pays avec le soutien des Etats-Unis en 2011, La présence d’Al Qaida dans le Maghreb islamique (AQMI), Boko Haram au Nigeria, les menaces terroristes contre l’Egypte dans le Sinaï, et le fait que la Tunisie soit devenue une sources de recrutement pour Daech, etc….
Entre temps, souligne-t-il, le commandement US est resté coincé en Allemagne depuis 8 ans, loin du champ d’opération qu’est l’Afrique, d’où la nécessité pour AFRICOM de se baser au Maroc.
« Un havre de paix et de stabilité dans un voisinage en tourmente, le Maroc, un ancien partenaire des Etats-Unis et est un allié majeur de l’OTAN, avec un passé de coopération en matière de sécurité et de vente d’armes, en plus du fait qu’il accueille les manœuvres militaires Africa Lion ». Autant d’éléments qui font dire à cet expert que le Maroc est l’endroit idéal pour une telle force. Il rappelle d’ailleurs à cet égard, les rumeurs qui circulaient en 2008 sur la conclusion d’un éventuel accord avec le Maroc pour l’établissement de cette base à Tan-Tan.
« Le peuple marocain pourrait à présent mieux percevoir le rôle protecteur des Etats-Unis au fur et à mesure que la menace terroriste s’approche », estime-t-il.
Et cet expert de lier l’accueil de cette base d’AFRICOM sur le sol marocain, plus précisément à Laâyoune, et la reconnaissance par l’Administration américaine de la souveraineté du royaume sur son Sahara.
Alors science-fiction ou réalisme politique ?