La ville d’Agadir, au vu de tous, n’est plus ce qu’elle était avant. Détritus, des voies publiques désolantes et dangereuses, la gestion est catastrophique. La ville reçoit de moins en moins de touristes. Est pointé du doigt le Président de la commune urbaine d’Agadir, Salah El Malouki, représentant du PJD, qui fait désormais le sujet du hashtag « ElMaloukidégage ».
Elu en 2016 lors des dernières élections municipales en date, Salah El Malouki est aujourd’hui la bête noire des Gadiris. Les réseaux sociaux foisonnent de critiques à son égard, de la part d’habitants et citoyens mécontents de l’état de leur ville, devenue saccagée, inhabilitée, insalubre et poussiéreuse. Taoufiq Lahrech, membre du Collectif citoyen contre la Spoliation foncière et citoyen engagé de la ville d’Agadir nous éclaire autour de plusieurs dysfonctionnements. En premier lieu, il explique que le Président de la commune urbaine d’Agadir est un responsable aux abonnés absents. Impossible de prendre rendez-vous avec El Malouki ou de le trouver présent à son bureau. Aucune personne pour tenir son agenda non plus lorsqu’il est sollicité.
« L’état de la ville ne fait que se dégrader depuis qu’il est à la tête de la commune urbaine, explique Taoufiq L., en 3 ou 4 ans, tout s’est vu déchoir, les chaussées, les détritus, l’entretien. Agadir commence à ressembler à une ville à l’abandon ». Agadir qui attirait touristes internationaux et nationaux tout au long de l’année, commence également à perdre de ses visiteurs. « Les touristes voient que l’état de la ville se dégrade, et cela ne les encourage pas à revenir. Quant aux habitants d’Agadir, ils ont l’impression d’être dans une ville désertée par la municipalité », explique Taoufiq L. Parmi les exemples flagrants, notre interlocuteur nous affirme qu’en plein été, c’est-à-dire pendant la haute saison, les détritus jonchent, en abondance, le sable de la côte d’Agadir, alors que les plages sont pleines. « C’est inacceptable d’avoir une plage livrée aux poubelles ! s’indigne Taoufiq L. Où est le maire ? ».
Les chiffres confirment ces propos. Selon les chiffres du Conseil Régional de Tourisme d’Agadir, les nuitées réservées dans la ville d’Agadir ont baissé durant la période allant de juin à septembre 2019, normalement considérée comme la saison haute. Le recul de fréquentation est estimé à 485.520 nuitées en septembre 2018 contre 479.528 durant la même période de 2019. Dans le détail, sur les trois mois précités, la fréquentation touristique a baissé en raison de la baisse de quatre flux étrangers : les marchés allemand, polonais, russe et dans une moindre mesure belge. Le cumul des nuitées enregistrées dans les hôtels classés de la ville d’Agadir durant les 9 premiers mois 2019 par rapport à 2018 fait ressortir une baisse de 5,06% en nuitées et 2,13% en arrivées, soit moins de 35.717 nuitées et 2026 arrivées en comparaison avec les 9 premiers de l’année 2018/2019.

L’entretien de la ville est également l’une des défaillances les plus flagrantes à Agadir. « Nous avons l’impression que la ville n’est plus nettoyée. Il n’y a plus de bennes à ordures qui se ferment, les poubelles gisent à l’air libre », explique Taoufiq L., en ajoutant que la prolifération des rats, insectes et animaux errants suffoque la ville. « Nous avions une ville qui comptait parmi les plus propres du Maroc et aujourd’hui nous avons l’une des villes les plus sales », se désole-t-il.
Autre aspect désolant, l’état des voies publiques, qui ont été piètrement refaites dernièrement. Faites de pavés, les nouvelles chaussées visaient, supposément à apporter une touche esthétique et réduire la vitesse de la circulation. Un objectif totalement raté puisque, les pavés étaient mal taillés et mal posés sont un cauchemar pour les pneus et la stabilité des véhicules. Les pavés se décollent, heurtent les piétons et les sont particulièrement dangereux pour les cyclistes. Face à l’indignation des citoyens, la Commune municipale d’Agadir est actuellement en train de détruire ces routes et les trottoirs. Une opération qui revient à jeter l’argent du contribuable par les fenêtres, et qui aurait facilement pu être évitée si le travail avait été fait correctement dès le départ. De même, aucune impunité des sociétés responsables du montage calamiteux de ces pavés laisse penser que de nombreuses transactions douteuses auraient pu avoir lieu.
Le problème réside également dans le fait que les membres de la commune urbaine sont particulièrement « dessoudés et désolidarisés », explique notre interlocuteur. Les tensions politiques sont à leur comble, et les modes de gestion sont souvent le sujet des discordes. Pourtant, au lieu de trouver des compromis et des solutions, il semblerait que la commune urbaine cède aux tensions, faute d’un président capable de prendre les décisions adéquates.
L’espoir des Gadiris a été ravivé lorsque le Roi Mohammed VI a évoqué l’importance de porter le développement de la région Souss-Massa à une vitesse supérieure, lors du discours à l’occasion du 44ème anniversaire de la Marche Verte. La visite du Roi était particulièrement attendue par les Gadiris, puisqu’elle présageait l’inauguration d’une zone franche industrielle, du plan d’accélération industrielle, du programme intégré du grand Agadir et de la Cité des métiers et des compétences. Cependant, la visite a été annulée puisque rien n’était prêt, un camouflet aux dirigeants de la ville, qui se sont empressés de maquiller l’état de la ville avec des drapeaux, des palmiers et des rond-points express.






