L’Union Africaine (UA) qui tire son nom de la défunte Organisation de l’unité africaine (OUA), vient de lancer son agenda « Afrique 2063 pour le développement ». Une sorte de feuille de route pour les 50 prochaines années au cours desquelles cette organisation entend réaliser autant de projets à caractères économique, social, politique, environnemental, bref tout ce qui pourrait hisser notre cher continent aux rangs des pays les plus développés qui, d’ailleurs, au rythme avec lequel progresse notre continent, seront encore plus développés et plus difficile à rattraper car, d’ici là, ils auront peut être élu domicile dans la planète Mars.
Si une telle initiative, en admettant qu’elle soit sérieuse et élaborée par des personnalités sérieuses- loin de tout calcul politique, voire économique- est à encourager, il n’en demeure pas moins qu’à la lecture de cette feuille de route, il y a de quoi perdre la boussole.
L’exemple du paragraphe 21 qui, tout en affirmant que « l’Afrique connaîtra un regain de la solidarité et de l’unité de vues, qui ont sous-tendu la lutte pour se libérer de l’esclavage, du colonialisme, de l’apartheid et de l’asservissement économique », souligne que d’ici 2020, « tous les vestiges du colonialisme auront disparu, tous les territoires africains sous occupation seront entièrement libérés ». Le comment de la chose l’UA l’explique par la prise de « mesures pour mettre un terme à l’occupation illégale de l’Archipel de Chagos, de l’île comorienne de Mayotte », et par son affirmation du « droit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental ». Et c’est là ou le bas blesse, car l’OUA, pour les nostalgiques, ou l’UA de nos jours, qui entend rayer de la carte les vestiges du colonialisme, sans en expliquer les moyens, tombe encore une fois dans l’erreur en ignorant ou en faisant semblant d’ignorer que le dossier du Sahara, et nos amis africains, tous pays confondus, le savent très bien, est entre les mains de la communauté internationale, à travers l’ONU dont d’ailleurs font partie ses pays membres. Jusqu’à preuve du contraire, à en juger par cet agenda, le Maroc qui a récupéré son Sahara à travers la légalité internationale, serait considéré ainsi comme un pays colonisateur dont les vestiges qui ne sont autres que ses provinces du sud, se verraient libérés du « joug colonial marocain ». Et puis, où sont passées les villes marocaines du nord en l’occurrence Sebta et Melillia qui pourtant font partie des vestiges du colonialisme espagnol encore présent dans ce même continent qui abrite ces pays de l’UA ?
Etrange paradoxe que celui auquel on assiste, mais qui ne nous surprend guère venant de cette organisation transformée en une marionnette dont les ficelles sont tirées par le « trio infernal » que constitue l’Algérie, le Nigeria et l’Afrique du Sud qui n’ont jamais caché leur ambition de contrôler ce continent.
Mais si l’on doit reprocher quelque chose à quelqu’un, c’est bien à nos gouvernants actuels et anciens qui continuent à nous habituer à cette diplomatie passive qui fait qu’on n’arrête pas d’encaisser les coups. Si ce n’est pas la Suède, c’est l’Afrique, un continent, du moins une partie, que nous croyions avoir aidé avec nos projets qu’ils soient économiques ou relevant du domaine religieux, et où on croyait et on continue de croire qu’il abrite encore nos amis. Pourtant ces derniers, ont bel et bien approuvé l’agenda mais sans avoir déniché le piège de ceux qui l’ont élaboré. Car parler de l’autodétermination du peuple sahraoui, et oublier d’évoquer les véritables vestiges du colonialisme espagnol Sebta et Melillia, c’est comme qui dirait, voguer à contre-courant et prêcher dans ce désert que constitue une bonne partie de ce continent.
Mais est ce vraiment de leur faute, quand on sait que notre diplomatie passive, toujours prompte à faire de beaux discours épisodiques, nous a habitués à réagir au lieu d’agir. Va-t-elle attendre 2020 lorsque l’UA aura d’ici là placé le Maroc devant le fait accompli, et expliqué aux bailleurs de fonds des dirigeants africains sa feuille de route ? Va-t-on assister au même scénario qu’avec la Suède ? Autant de questions qu’on continuera à se poser alors que l’Union Africaine s’apprête à convaincre les partenaires économiques de l’Afrique pour faire passer son agenda en tant que seul point à l’ordre du jour de la coopération internationale au niveau d’un certain nombre de forums, comme c’est le cas avec le forum japonais, ‘’TIKAD’’ prévu en mars 2016 au Kenya, à moins d’un sursaut de notre diplomatie qu’elle soit parlementaire, officielle ou de partis, voire même de la société civile.






