Pour l’avocate au barreau de Casablanca et ancienne parlementaire, Amina Maelainine n’a pas qualité pour adresser des injonctions ou des remontrances au pouvoir judiciaire dans l’affaire de Soulaiman Raissouni, rappelant qu’il s’agit d’un pouvoir distinct des autres.
« Tout le monde au Maroc appelle à la libération de Soulaiman Raissouni. Aujourd’hui, nous ne savons pas à quelle entité profite son maintien en prison», a déclaré lundi 24 mai Amina Maelainine, membre du PJD, en interpellant, le ministre de la Justice, Mohamed Benabdelkader, lequel intervenait sur la situation des greffiers. Les paroles de la députée islamiste controversée -ayant provoqué un scandale politique après les révélations sur la double vie qu’elle menait aux antipodes des principes qu’elle défend- ont indigné Aicha Galaâ, avocate au barreau de Casablanca, qui a dénoncé des propos remettant en cause «l’indépendance judiciaire».
«Je me suis demandé si la position de Maeleinine reflète celle de son parti concernant le dossier de l’accusé Soulaiman Raissouni. Pour cela, le secrétaire général du PJD, qui est en même temps le chef au pouvoir exécutif, doit clarifier les dispositions de sa formation sur cette affaire» a pointé l’avocate.
«S’il s’agit d’un point de vue qui n’engage que la députée, il est utile de dire qu’il viole les règles constitutionnelles et qu’il sort des limites prescrites qui fixent les prérogatives régissant les pouvoirs législatif et le judiciaire» souligne l’avocate. C’est une dangereuse ingérence au sein d’une session législative dans l’autorité judiciaire et dans le travail des juges, explique Me Galaâ. «Votre posture représentative et politique exige que vous ne nuisiez pas aux institutions et que vous respectiez le principe de séparation des pouvoirs, qui a été érigé par le philosophe Montesquieu principe historique célébré par la Révolution française, codifié dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 et confirmé par toutes les constitutions connues du Maroc» a-t-elle asséné.
«Il est malhonnête que vous détourniez à votre profit des affaires soumises au cours de la justice afin de chercher à vous ménager quelques voix électorales et de satisfaire quelques ambitions contrariées. Ces petites précautions et ces rapprochements imperceptibles sont le fait de ceux qui ont l’habitude des intrigues politiques» constate l’avocate, remettant en cause une députée devenue un agent effréné de l’esprit du marchandage politique. Plus encore, étaye-t-elle, cette intervention au parlement c’est prôner un régime de l’omnipotence parlementaire où le droit n’y serait plus que dans les formules. Calculs politiques, intérêts électoralistes, caprice et fantaisie prennent le relais sous une phraséologie, pompeuse et emphatique, note l’avocate.





