À ce jour, l’affaire de Toufik Bouachrine est l’affaire la plus emblématique de traite à finalité sexuelle portée en justice. Ce délit a été reconnu il y a quelques années à la suite d’une forte mobilisation de la société civile qui a amené la question dans les arènes publiques, affirme Aïcha Guelaâ, avocate des victimes de l’ancien patron de presse, dans une déclaration à Barlamane.com.
Aïcha Guelaâ, membre du comité de défense des femmes abusées par Toufik Bouachrine, a pris part le 31 octobre à une conférence de presse qui survient après la condamnation du prévenu. L’objet de sa contribution était de faire la pleine lumière sur les mesures déployées en direction des victimes de la traite dans cette affaire.
L’avocate a salué la reconnaissance législative du délit de traite, devenu objet de mobilisation puis sujet de droit. Elle la condition actuelle des plaignantes, dont les victimes de la traite sont la figure paroxystique de par la violence des sévices qui leur étaient infligés. L’avocat pose les linéaments de victimes qui doivent être protégée et qui se sont trouvées devant un phénomène dont l’étendue et les conséquences sont immenses.
Me Aïcha Guelaâ a évoqué les insuffisances juridiques considérées comme un obstacle dans la lutte contre la traite et par l’ampleur du phénomène qui «offense la dignité humaine» a-t-elle énonce. Elle pourfond le fait que l’affaire de Toufik Bouachrine ait été placée sous le prisme d’une instrumentalisation politique et que les victimes soient frappées «de suspicion» malgré les infractions ont subies. Elle décrie l’invisibilité des victimes de traite dans cette affaire et appelle à leur protection immédiate.
L’enjeu pour le législateur consiste à mettre les victimes de traite à l’abri de toute atteinte, affirme Me Aïcha Guelaâ et souhaite la progression de leur situation vers le statut d’ayant droit, vers la reconnaissance des préjudices subis. Tandis que l’accusé a bénéficié de tous les traitements que lui accorde la loi, à l’inverse et par contraste, ses victimes n’ont pas été soumises à une protection malgré la vulnérabilité de leur situation morale et psychologique. Pour rappel, le nombre de cas de traite humaine au Maroc a est passé de 17 cas en 2017 à 80 en 2018. La grande majorité des victimes a été exploité dans la prostitution, la mendicité et le travail forcé.
Posée, au cours d’un procès, la question de l’émotion dans le traitement de cette affaire par certains individus. Selon l’avocate; «ils n’ont pris en compte, parmi beaucoup d’autres paramètres, que l’atmosphère des audiences. Ils ont été submergés par leurs affects alors qu’il y a onze victimes et des preuves concluantes» a-t-elle retracé.