Taoufik Bouachrine, condamné à douze ans de prison ferme pour violences sexuelles, est dans une sorte de fuite en avant qui n’en mène nulle part, affirme l’avocate Aïcha Guelaâ.
Face à la gravité des charges, traite d’êtres humains, abus de pouvoir à des fins sexuelles, viol et tentative de viol, Toufik Bouachrine choisit de se voiler la face. Arrêté en février 2018 et jugé par la chambre criminelle de la Cour d’appel de Casablanca, il a été reconnu coupable de tous les chefs d’accusation retenus contre lui.
Aïcha Guelaâ, avocate des victimes, déplore la stratégie de l’accusé, «qui conteste certains points sur le plan procédural sans aborder l’essentiel». La critique de la procédure sert de paravent à toutes sortes de dénégations de la réalité des violences sexuelles commises par l’accusé, ses remarques sont un élément anecdotique dans cette affaire, soutient-elle.
Elle détaille : «le procès de l’accusé a donné lieu à de nombreux débats. Bouachrine a transformé la Cour en une simple chambre d’enregistrement de ses doléances sans aborder la parole et la plainte des victimes. Il conteste le fonctionnement du circuit pénal dans ses grandes lignes en relation à son affaire, ainsi que quelques règles procédurales, sans chercher à s’expliquer sur les accusations et les éléments probatoires matériels qui l’accablent.»
C’est une affaire jugée pour à la base de faits, ajoute l’avocate. Je regrette que ses avocats, qui plaident pour son acquittement, soient incapables de prouver quoi que ce soit.
Invité à prendre la parole vendredi, l’accusé a dit qu’il était «victime d’un procès inéquitable», a dit l’avocate, faisant état à une tentative de manœuvrer, d’atermoyer. Bouachrine a fait intervenir des acteurs différents dans cette affaire en s’attachant les services de Rodney Dixon, l’avocat britannique, qui internationnalise l’affaire. Las ! affirme l’avocate, qui dit que les «vérifications et recoupements effectués sur la base des éléments transmis au parquet et les enregistrements vidéo sont catégoriques». Elle ajoute que Dixon, qui s’est saisi de cette affaire, cherche à tout prix l’appui de l’ONU. L’accusé formule ses contestations dans des termes qui ont une parenté très forte avec le déni de la réalité. « Il faut qu’il y ait une volonté de faire entendre dans le débat la parole des victimes, au lieu de politiser l’affaire ou revendiquer des droits contre un arbitraire imaginaire», continue l’avocate, qui ajoute que l’accusé dit croire en la justice marocaine.
Les enquêtes visant le journaliste emprisonné ont été déclenchées par les plaintes de plusieurs femmes – rejointes par tant d’autres.