Aziz Akhannouch n’a pas convaincu lors de son passage télévisé pour parler du bilan des 100 jours du gouvernement. Il n’a pas convaincu que malgré tous les « faux départs » de la période des 100 premiers jours pour reprendre l’expression du journaliste Tourabi, son gouvernement pourra redresser la barre de navigation pour honorer tout le programme gouvernemental.
Certes le Chef de gouvernement a rappelé le contexte difficile de la pandémie, mais le programme électoral de son parti, du PAM comme de l’Istiqlal a été élaboré dans cette perspective. C’est donc un épouvantail qu’il faut arrêter d’agiter.
Deux choses évidentes pour le CDG ressortent de sa prestation télévisée : d’une part, la réussite de la protection sociale et médicale. Ce chantier sera mené à terme car orientation royale.
Et d’autre part, les 125 000 emploi en 2022-2023 dans le cadre de Awrach. Comme nous l’avions précédemment écrit pour l’exercice prévisionnel de la loi de finances, le taux de croissance contredit la promesse de 1 million d’emplois du programme électoral du RNI. C’était le deuxième faux départ, le premier étant de s’affaiblir avec l’affaire Nabila Rmili au début de son mandat.
Le troisième était de prévoir une année agricole et une production céréalière normales alors qu’elles dépendent essentiellement des pluies. Le quatrième était de ne pas lancer la réforme de la caisse de compensation, laquelle contrairement à ce qu’a avancé le CDG lors de l’exercice télévisé, est nécessaire pour pouvoir améliorer le pouvoir d’achat des plus démunis comme pour financer, accompagnée de la réforme fiscale, tout le programme social, dont la retraite, et pour juguler les inégalités sociales. Mais elle doit être accompagnée de son pendant, la concurrence loyale et donc la fin de l’économie de rente, ainsi que la reprise de la SAMIR, pour impacter le prix du carburant. Mais la réforme de la caisse de compensation n’est pas à l’ordre du jour, du moins pour le moment a-t-il nuancé. Il a fait mention de différents fonds disparates de financement mais n’a pas évoqué le fonds Mohammed VI de 45 milliards. Alors que Akhannouch a bien dit que l’Etat social est une orientation royale de politiques qui s’inscrivent dans la continuité depuis 20 ans.
Les suivants concernent des affirmations que contredit la réalité des marchés : en effet, le cinquième concerne la hausse de différents produits essentiels et non pas que l’huile ainsi que l’a soutenu Aziz Akhannouch. Et le sixième et non des moindres est d’assumer les décisions de dernière minute concernant la fermeture comme la réouverture des frontières. Des décisions soudaines qui ne peuvent que contracter le marché, baisser la confiance des investisseurs, des ménages et du citoyen. Ce « inshalla-isme » répété à souhait durant toute l’émission a d’ailleurs agité les internautes. Ils se sont demandés pourquoi Akhannouch a sciemment donné l’impression d’être un Chef de gouvernement assujetti à une commission interministérielle ou comité scientifique et à tel ou tel ministre selon le dossier du moment ?
Bien sûr, il a avancé des chiffres. Bien sûr il a dit que la mise en œuvre des chantiers sera difficile dans ce contexte de pandémie mais rien de prospectif sur le financement.
Au final la prestation n’aura pas amené les réponses posées par les citoyens, par l’OTRAGO (Observatoire du Travail gouvernemental), par les différents partis politiques et médias nationaux.
Il n’aura pas réussi à convaincre que ce gouvernement est celui des résultats, selon sa formule, ni celui de l’anticipation. Même si le CDG dit qu’inshallah vers avril-mai, il s’attend à une amélioration de la situation.