En termes de campagne électorale, Akhannouch galope et le RNI semble avoir une longueur d’avance sur l’ensemble des autres partis. De région en région, le secrétaire général du RNI met son grain de sel dans tous les secteurs : agriculture, artisanat, pêche, bien sûr, mais aussi santé et éducation.
Le RNI ne semble pas partager les mêmes préoccupations que les autres partis. Si l’Istiqlal l’USFP et le PPS mettent actuellement la majorité de leur énergie dans la réforme des lois électorales, le RNI lui, est sur le terrain, plongé dans une campagne pré-électorale qui a commencé le 2 novembre 2019. Il s’agit de la campagne 100 jours 100 villes, dont 58 étapes ont été effectuées jusqu’à présent. A première vue, efficace, en tout cas sur Instagram.
Armé de la – pas si caritative – Fondation Joud, qu’il pilotait à ses débuts, Akhannouch sort chasser sur le terrain du PAM, soit le monde rural. Rappelons que cette fondation a été créée dans le cadre d’une refonte du RNI, survenue après la démission de Salaheddine Mezouar en 2016. Akhannouch a, par le biais de ce bras associatif, investi un aspect électoral qui n’est exclusif à aucune formation politique, mais qui, en réalité était dominé par le PJD dans les villes et le PAM dans les campagnes : les actions de proximité. Le RNI a commencé avec l’initiative « panier de Ramadan » en 2017, pour ensuite commencer à distribuer des bourses d’étude avantageuses, ou encore à mettre en place des mécanismes d’incitation des cadres médicaux à s’installer dans les zones rurales. A noter que le social a toujours été le ventre mou du parti des patrons à l’époque Mezouar.
Toujours englué à sa chaise de Ministre de l’Agriculture et de la Pêche maritime, Akhannouch se saisit d’un Plan Maroc Vert qui n’a pas marché comme prévu, en tire les acquis et maquille les fiascos, pour les utiliser dans la campagne électorale de son parti, mais aussi pour sa propre image. Et ça fonctionne ! Sur ses réseaux sociaux, et surtout son Instagram, l’opération séduction est à son comble. Photos et vidéos professionnelles, en français, sous-titres inclus, sont bordées de commentaires élogieux autour de son actions, et d’autres exprimant le soutien de futurs électeurs. Bingo…
Le RNI, à travers sa Fondation Joud, mise sur trois secteurs pour mobiliser la jeunesse autour de son parti : l’éducation, la santé et la création d’emploi. Rénovation d’école, mise en place de nouvelles classes, cafétérias, instauration de nouvelles classes d’enseignement préscolaire, octroi de bourses d’excellence qui couvrent logement, restauration et toutes les années d’études, l’action est concrète auprès des régions les plus défavorisées du pays. Tout cela sans oublier d’autres actions un peu plus kitsch comme les banquets que le RNI organise au profit des habitants de villages ou autre. Petit clin d’oeil au parti du Mouvement Populaire, dont le monde rural est, supposément, la priorité. Le plus alarmant reste le fait qu’une fondation, créée et utilisée à dessein politique, fait mieux le travail du gouvernement que celui-ci.
Avec cette stratégie, le RNI oeuvre à rassembler près de 400.000 militants à l’horizon 2021, principalement des jeunes, comme l’avait déclaré Akhannouch lors de la 3ème université d’été de la jeunesse du RNI qui s’était ouverte le 20 septembre 2019 à Agadir. Pour ce faire, Akhannouch s’est improvisé en Père Theresa, ou… comme il aime bien se décrire sur sa page Instagram : philanthrope…. loin d’être désintéressé.