Akram Belkaïd, journaliste algérien, brosse un tableau tragique de son pays. Pénuries, coupures d’eau, crise économique, hôpitaux saturés, couvre-feu, fermeture des frontières : l’Algérie en l’an II du Hirak sombre dans un délitement sans précédent. Un cri salvateur.
«La pandémie de Covid-19 et une implacable répression judiciaire ont freiné l’élan du Hirak, ce mouvement pacifique né le 22 février 2019 pour réclamer le départ du président Abdelaziz Bouteflika et un changement du système politique. L’avenir dira si cette dynamique protestataire est définitivement cassée ou si elle renaîtra un jour» écrit le journaliste Akram Belkaïd dans Le Monde Diplomatique.
Un ouvrage collectif, gratuit et disponible sur Internet a rassemblé quatorze contributions – témoignages, récits ou fictions – répondant à une question simple : de quelle Algérie rêvez-vous ? «Plusieurs textes se rejoignent sur un point majeur : si espérance onirique il y a, c’est en opposition avec le cauchemar actuel, celui d’un pays où rien, ou presque, n’est satisfaisant» écrit M. Belkaïd.
Les différents intervenants veulent une «nouvelle vie» loin des «affres de l’autoritarisme». Un autre a affirmé que «le Hirak a permis à la jeune génération de peintres algériens de mieux se faire connaître.» Une nouvelle Algérie sans «l’impression d’être coincés dans une boucle temporelle où le FLN gagnerait toujours.»
«Dans un contexte marqué par le désintérêt méprisant des autorités à l’égard du monde artistique, ces peintres de la protestation – comme les appelle la plasticienne et écrivaine Myriam Kendsi, qui leur consacre un ouvrage – occupent le terrain à leur façon, revisitant le travail de leurs aînés ou celui des grands maîtres. C’est le cas de Yasser Ameur, figure emblématique de cette génération qui n’hésite pas à détourner des œuvres pour se focaliser sur la dénonciation politique, économique et sociale» souligne M. Belkaïd.
«Parler du Hirak, c’est aussi évoquer, souvent de manière lapidaire, la “décennie noire” (1990-2000) dont le souvenir a longtemps empêché les Algériens de protester massivement contre le régime. la naissance du Front islamique du salut (FIS), sa montée en puissance, les contradictions et les compromissions des autorités, sans oublier les funestes élections législatives de décembre 1991 dont l’annulation précipita l’Algérie dans l’abîme» : un passé que la génération Hirak «doit encore surmonter».






