Avant un an, des milliers de personnes ont défilé le 16 février 2020 à Kherrata, dans l’est de l’Algérie, à l’occasion du deuxième anniversaire d’une manifestation inédite contre la candidature à un cinquième mandat du défunt ex-président Abdelaziz Bouteflika. La manifestation de Kherrata avait donné le coup d’envoi à une vague de contestation populaire sans précédent, le Hirak. En 2022, la situation sociale dans la ville est explosive.
À l’occasion des trois ans du soulèvement populaire ayant chassé Abdelaziz Bouteflika du pouvoir, des marches se préparent à Kherrata, berceau du mouvement, et dans d’autres villes. Pour y faire face, le régime algérien a préparé un déploiement policier massif, alors que le troisième anniversaire du Hirak contre le pouvoir en place dans le pays intervient dans un contexte morose.
C’est dans cette ville, Kherrata, à 300 kilomètres de la capitale Alger, qu’une première mobilisation avait réunie, le 16 février 2019, des milliers de personnes opposées à un cinquième mandat présidentiel d’Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis vingt ans. Une semaine plus tard, le 22 février, la contestation avait gagné la capitale, puis le reste du pays, donnant lieu à un mouvement inédit et sans pareil, réclamant «le démantèlement du système» en place depuis 1962.
Les manifestants ont toujours scandé des slogans connus du Hirak : «Pour l’indépendance de l’Algérie», «[le président] Tebboune est arrivé par la fraude, placé par les militaires» ou encore «Les généraux à la poubelle». Ils réclament également «un Etat civil», «la liberté de la justice», «la liberté d’expression et de presse» et la libération des détenus d’opinion.
Les manifestations publiques restent interdites en Algérie en raison d’une répression politique sauvage. Ce troisième anniversaire survient aussi dans un climat de crispation du régime, confronté à une crise politique, sanitaire et socio-économique. Arrivé au pouvoir le 12 décembre 2019 avec la volonté d’incarner une supposée «Algérie nouvelle», mal élu, Tebboune est régulièrement interpellé par les défenseurs des droits humains qui dénoncent un tournant coercitif systématique à l’encontre des opposants, mais aussi des médias indépendants et des blogueurs.