Pékin vient de voler au secours de l’Algérie, frappée elle aussi par la pandémie de Covid-19. Une assistance qui illustre la faillite des politiques sociales, la santé en étant une des dimensions, du régime algérien.
Un appareil d’Air Algérie en provenance de Pékin se posait fin mars à Alger avec à bord une équipe médicale chinoise de 13 spécialistes. L’avion transportait aussi du matériel de protection et de dépistage et des respirateurs –le tout d’une valeur de 420.000 euros. Un don du géant du BTP chinois CSCEC au nom de Pékin. Le système de soins en Algérie ainsi que les principaux acteurs du régime de santé peinent à faire face au coronavirus dans un contexte institutionnel dégradé.
Est également prévue la construction d’un hôpital de protection pour fournir des services de prévention et de lutte contre le coronavirus à quelque 4.000 travailleurs chinois et 5.000 algériens, selon l’agence officielle Chine Nouvelle. En Algérie, pays de plus de 40 millions d’habitants, les expatriés chinois forment la plus importante communauté étrangère, évaluée à plusieurs dizaines de milliers d’âmes. La plupart sont des ouvriers employés sur des grands chantiers de construction, comme celui de la grande mosquée d’Alger érigée entre 2012 et 2019 par le groupe CSCEC.
En proie à la progression de l’épidémie (1.171 cas déclarés, dont 105 décès), l’Algérie a aussi passé commande à la Chine de 100 millions de masques chirurgicaux, de 30.000 kits de dépistage, de vêtements de protection et autres équipements. Tout irait pour le mieux si une polémique n’avait éclaté à Alger à la suite des propos d’un intervenant, sur la chaîne internationale France 24, affirmant que l’aide médicale chinoise était allée directement à un hôpital militaire de la capitale.
Furieuses, les autorités algériennes ont réfuté ces allégations et convoqué l’ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, pour lui faire part de leurs « vives protestations ». L’ambassadeur a répondu que « l’ensemble des organes de presse jouissent d’une totale indépendance rédactionnelle en France, protégée par la loi ». En d’autres termes, que les responsables algériens se trompaient d’interlocuteurs.
L’ambassade de Chine en Algérie a fustigé dans un communiqué « des propos mensongers, haineux, diffamatoires et pleins d’ignorance à l’égard de l’aide fournie à l’Algérie par une société chinoise ». Un coup de chaud diplomatique qui n’est pas sans rappeler la lutte d’influence entre puissances au moment de la poussée géopolitique et économique chinoise sur le continent africain au tournant du siècle.
Plus de 3.000 soignants chinois ont exercé gratuitement en Algérie, dans le cadre d’une mission médicale permanente, de l’obstétrique à la médecine traditionnelle en passant par la chirurgie, selon le ministère algérien de la Santé. La Chine reste de loin le premier fournisseur commercial de l’Algérie avec des exportations d’une valeur de 517 millions d’euros pour janvier 2020 (soit plus de 18% des importations algériennes), devant l’Italie et la France, selon la Direction générale des douanes.






