Le référendum sur la Constitution divise l’opinion publique en Algérie. Les analystes craignent une crise sociale qui viendrait exacerber une crise économique profonde vers laquelle s’achemine le pays.
En Algérie, le projet de modification de la Constitution divise, et pourrait conduire à de nouveaux mouvements de contestation.
A un mois du référendum consacré à cet effet, l’opinion publique est très divisée dans ce pays. Le camp de la majorité présidentielle soutient l’initiative et promet à travers elle, l’instauration d’une «Nouvelle République».
Le risque vient d’une coalition de l’opposition emmenée par le Mouvement de la société pour la paix (MSP) qui compte 33 sièges au Parlement algérien, et est proche des Frères musulmans. Ses dirigeants ont appelé à voter contre le référendum.
Il en ressort des médias locaux que d’autres partis suivent le MSP et rejettent le référendum. Certains syndicats y compris ceux proche du Parti des travailleurs algériens ont également exprimé leur inquiétude.
Les analystes de Stratfor, une plate-forme d’intelligence stratégique basée aux Etats-Unis, craignent que de partis expriment leurs réserves ; ce qui pourrait entraîner une autre série de manifestations dans le pays. Cette situation pourrait de nouveau plonger l’Algérie dans une paralysie, d’autant que le groupe de protestataires ne partage pas les mêmes intérêts.
Le MSP critique une Constitution qui réduit les pouvoirs de la religion musulmane, tandis que les autres critiquent un manque de concertations, ou une concentration des pouvoirs entre les mains du président.
Cette nouvelle source de conflit social survient alors que la situation économique de l’Algérie est des plus fragiles, selon des observateurs avertis. «A la contrainte macroéconomique et une crise de change possible, l’économie du pays souffre d’un manque significatif de flexibilité structurelle. De plus, pour 2021 et 2022, les perspectives économiques et financières continueront d’être défavorables en l’absence de politiques publiques correctives fortes, mises en œuvre immédiatement», a fait savoir Abdelrahmi Bessaha, un expert financier, dans une interview accordée au quotidien algérien El Watan.
Selon l’expert, il n’est pas exclu que l’Algérie, pays riche en pétrole et en gaz ainsi qu’en ressources humaines qualifiées, soit contrainte d’ici 2022 de se tourner vers les bailleurs de fonds.
«A fin juin 2020, les données préliminaires et partielles font apparaître un recul net de la croissance économique de 6% en raison d’une baisse marquée de la consommation (publique et privée), la chute des investissements et de la baisse des exportations ; une inflation en hausse (2,8%) par rapport à la même période en 2019 du fait de la remontée des prix des produits alimentaires ; un chômage très élevé qui va faire un bond considérable pour affecter environ 5 millions de personnes en raison des nombreuses fermetures d’entreprises à la suite de la pandémie [Covid-19]», a fait savoir M. Bessaha.