Des cortèges sous surveillance policière ont défilé à Alger, Oran, Mostaganem, Constantine et Annaba pour réclamer «le démantèlement du système» et un nouvel ordre politique et institutionnel.
Une foule bariolée a rempli à nouveau sur plusieurs kilomètres les rues du centre d’Alger, pour un cinquantième vendredi consécutif de manifestations réclamant le départ du reste de l’ensemble de l’appareil hérité du président déchu Abdelaziz Bouteflika, des réformes politiques majeures et la libération des détenus politiques. Selon des sources, la contestation populaire songe entre se choisir des représentants ou de maintenir son fonctionnement horizontal.
Des cortèges plus au moins développés sont également signalés dans le reste du pays, notamment à Oran (ouest), Mostaganem (nord-ouest), Constantine et Annaba (est), Sétif (nord-est), les plus importantes villes d’Algérie après la capitale, selon des médias locaux et la télévision nationale. « Le peuple veut leur départ, tous », « Presse libre, justice libre ! », ont scandé des manifestants amassés devant la Grande Poste, bâtiment emblématique du centre d’Alger devenu, au fil des mois, le cœur de la contestation dans la capitale. La foulé a pourfendu le plan pour résoudre le conflit israélo-palestinien, présenté par Donald Trump, mardi 28 janvier, qui accorde à Israël nombre des concessions sans précédent, parmi lesquelles la souveraineté absolue sur la vallée du Jourdain.
Depuis presque un an, des millions de manifestants à travers l’Algérie ont obtenu au fil des manifestations du vendredi qu’Abdelaziz Bouteflika quitte le pouvoir, la démission ou l’arrestation de plusieurs caciques du régime, et la promesse d’une constitution révisée. Le président élu, Abdelmadjid Tebboune, fidèle serviteur du « système » comme l’indique une pancarte vendredi à Alger, où la police, est fortement critiqué par le mouvement de contestation.
Au-delà de la personne de Tebboune, la contestation rejette le maintien des institutions et personnalités de l’appareil rattaché à M. Bouteflika et remet en cause le rôle de l’armée dans l’échiquier politique. Jusqu’à quand les militaires pourront-ils maintenir leur hégémonie sur la vie politique algérienne, s’interrogent les observateurs ?
Tebboune a, de son côté, entamé des rencontres « dans le cadre de la volonté de d’introduire des réformes politiques », selon les médias, mais les « personnalités» reçues semblent loin d’incarner changement réclamé par la contestation. Dans la foulée, la moitié des quelque 140 « détenus du Hirak » dénombrés par le Comité national pour la libération des détenus ont été libérés.