Le climat de tension ne se dissipe pas en Algérie, où les candidats à la présidentielle du 12 décembre continuent de mener de timides campagnes électorales, attisant tout de même la colère du Hirak.
Mercredi 20 novembre, une quinzaine de personnes ont été interpellées par la police à Annaba, à l’est du pays, pour avoir «perturbé» une «marche de soutien» aux autorités. En ce même vendredi, le chef d’état-major de l’armée, Ahmed Gaïd Salah a salué ce qu’il qualifie d’«élan populaire exprimant la volonté d’aller vers les élections du 12 décembre prochain», évoquant «une des plus belles images de la cohésion, la solidarité et l’adhésion du peuple autour de son armée, scandant, d’une seule et même voix, des slogans patriotiques exprimant dans leur ensemble la volonté de se diriger massivement aux urnes le 12 décembre prochain». Des propos qui, pourtant, son en totale contradiction avec la réalité des choses.
Chahutés lors de leurs déplacements et de leurs réunions électorales, parmi les candidats à la succession de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika figurentles ex-Premiers ministres Ali Benflis et Abdelmadjid Tebboune qui, selon le quotidien algérien El Watan, « continuent de ramer péniblement dans le marécage de la campagne électorale », contraints de « se rendre en catimini aux salles réservées aux meetings ». Bien que la présence policière se soit renforcée depuis l’ouverture de la campagne, le 17 novembre, les appels au boycott de la présidentielle, les perturbations des meetings, comme celui d’Ali Benflis à Tlemcen, se sont multipliés ces derniers jours. Certains candidats sont même obligés de renoncer à prononcer leurs discours, comme Abdelmadjid Tebboune, dont un meeting à Sidi-Fredj, dans la banlieue d’Alger, a été annulé le 17—novembre, rapporte France 24.
Pour exprimer leur rejet, les opposants au scrutin s’adonnent également au détournement des panneaux d’affichage électoral, inexploités jusqu’ici par les candidats. Sur les réseaux sociaux, des photos de panneaux ornés de portraits de détenus du Hirak ou de figures de la bataille d’Alger, voire parfois de simples poubelles, sont légion, continue le média français. En représailles, les médias algériens rapportent que plusieurs dizaines de personnes ont été arrêtées lors de rassemblements contre les candidats et lors de manifestations contre la tenue du scrutin. Le 18 novembre dernier, la justice algérienne a condamné 4 manifestants à 18 mois de prison ferme et 14 autres à deux mois avec sursis pour avoir perturbé la veille le meeting d’Ali Benflis à Tlemcen.