Les mauvaises nouvelles s’accumulent pour l’économie algérienne. Première conséquence de l’absence de réformes : le dinar va poursuivre sa dégringolade entamée il y a deux ans. Les milieux financiers s’attendent à une dévaluation du dinar entre 20% à 25% sur l’ensemble de l’année, selon TSA citant une source bancaire. D’ici le mois de juin, la dépréciation de la monnaie nationale devrait même être d’environ 10 à 15%. La raison ? Le gouvernement n’a pas d’autre choix que celui de recourir à « l’arme » monétaire pour combler le déficit qui s’annonce colossal.
L’emprunt obligataire : un coup d’épée dans l’eau
Face à l’ampleur du déficit, chiffré à 14 milliards de dollars sur les seuls deux premiers mois de l’année, le gouvernement ne peut compter sur le Fonds de régulation des recettes pour tenir le cap. Le FRR est en voie d’épuisement.
Dans ce contexte, le gouvernement a lancé un emprunt obligataire, un endettement interne. Officiellement, le but affiché est de financer des projets d’investissement. Le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, répète que l’argent de cet emprunt n’est pas destiné pour financer le déficit budgétaire. Une utopie au vu de la situation des finances publiques.
Au-delà de la destination finale des fonds collectés, l’emprunt obligataire s’annonce déjà comme un grand fiasco. En effet, cette opération vise à attirer l’argent qui circule massivement en dehors du circuit officiel. Une tentative de « bancariser les fonds de l’informel », selon la formulation du gouvernement. Sauf que, là aussi, un problème se pose.
TSA cite une source bancaire bien au fait du dossier selon laquelle, l’essentiel des fonds récoltés à ce jour (près de 65 milliards de dinars) provient en réalité de dépôts déjà en banque. La majorité des obligations sont acquises par des entreprises et des particuliers dont l’argent est déjà bancarisé. Et la somme collectée est dérisoire face à l’ampleur du déficit.
Des symptômes inquiétants
En attendant, l’argent commence à manquer à tout le monde. Du moins dans les circuits officiels. Des entrepreneurs veulent lancer des projets, mais les banques ont du mal à suivre. En effet, des entrepreneurs s’adressent à leurs banques pour des financements, mais celles-ci ne proposent de couvrir qu’une partie des investissements.
En réalité, bien que les dépôts bancaires s’élèvent à 5 000 milliards de dinars, selon le ministre des Finances, certaines banques publiques ont déjà des engagements supérieurs aux dépôts qu’elles détiennent. Une situation qui a poussé la Banque d’Algérie à relancer son système de refinancement des banques, pour assurer la disponibilité de la liquidité au niveau des banques.
L’informel prospère sans gêne
Pendant ce temps, l’économie informelle n’est pas inquiétée. Les acteurs sont même traités avec égard. Le gouvernement fait les yeux doux pour attirer ces fonds vers le circuit bancaire. Sans succès. Une passivité incompréhensible : une plus grande fermeté de l’État permettrait de contraindre ces acteurs à « se ranger ». D’autant plus que le gouvernement a mis en place des mesures susceptibles de les attirer.
Aucune réforme structurelle, mais une lueur d’espoir
Dans tous les cas, l’emprunt obligataire ne peut, à lui seul, constituer une solution viable face à la crise économique et l’effondrement des recettes pétrolières de l’Algérie. L’ensemble des observateurs et acteurs, comme le FMI, les chefs d’entreprises et les économistes, appellent à des réformes structurelles sérieuses. C’est la condition pour relancer l’économie et attirer des investisseurs sérieux.
Alors que l’argent coulait à flots lorsque le baril de pétrole valait 100 dollars et plus, les investisseurs ne se bousculaient pas pour entrer sur le marché algérien. Maintenant que la manne financière se tarit, le mouvement ne peut s’inverser sans changement de stratégie, conclut TSA.