Le poste d’ambassadeur d’Algérie en France devrait rester vacant pour une période prolongée, a-t-on appris lundi 14 octobre de sources proches du dossier, alors que les relations entre Alger et Paris s’enfoncent dans une crise qui perdure. Saïd Moussi, diplomate en rotation et ancien ambassadeur d’Algérie à Paris, a été officiellement nommé à Lisbonne la semaine dernière.
Le gouvernement portugais a accordé son agrément à cette désignation, selon un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères publié avant quelques jours. Selon les mêmes sources, la mission diplomatique algérienne à Paris pourrait rester inoccupée pendant plus d’un an, à l’image de la crise avec l’Espagne, qui avait laissé l’ambassade d’Algérie à Madrid sans représentant de mars 2022 à novembre 2023.
Le gouvernement algérien a annoncé, le 30 juillet, le «retrait avec effet immédiat» de son ambassadeur en France après l’annonce de la reconnaissance française de la souveraineté marocaine sur le Sahara et le soutien de Paris au plan d’autonomie marocain pour le territoire.
«La représentation diplomatique algérienne en France est désormais du ressort d’un chargé d’affaires», a ajouté le ministère des affaires étrangères dans un communiqué publié par l’agence officielle APS, critiquant un «pas qu’aucun autre gouvernement français avant lui n’avait cru devoir franchir.» La France a répondu avoir «pris note de la décision de l’Algérie de rappeler son ambassadeur». «Nous n’avons pas à commenter cette décision souveraine», a tranché une source diplomatique au Quai D’Orsay.
En reconnaissant le plan d’autonomie marocain comme «seule base de règlement» du conflit du Sahara, la France a rejoint le groupe des grandes puissances qui appuient franchement le Maroc. Dans une lettre adressée au roi Mohammed VI, le président français, Emmanuel Macron, a révélé que le plan marocain «constitue désormais la seule base pour aboutir à une solution politique juste, durable et négociée conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies.» Après avoir entériné les droits historiques du Maroc sur le territoire, M. Macron a dit, dans cette lettre, considérer que «le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine.»
En Espagne aussi, les rapports ne sont guère luisants
L’Algérie a désigné un nouvel ambassadeur en Espagne fin 2023, après plus de dix-neuf mois de crise diplomatique, conséquence du ralliement de Madrid au Maroc sur la question du Sahara. Alger, qui avait rappelé son ambassadeur le 19 mars 2022, avait sollicité l’agrément des autorités espagnoles pour nommer ce représentant, qui n’est autre que Abdelfetah Daghmoum, ancien numéro deux de l’ambassade d’Algérie à Madrid et ex-ambassadeur en Guinée.
Alger a vivement blâmé l’Espagne pour sa nouvelle position pro-marocaine et, en représailles, avait suspendu le traité d’amitié signé en 2002 avec Madrid et restreint les échanges commerciaux avec l’Espagne, en gelant notamment les opérations bancaires, des mesures toujours en vigueur.
Comme nous l’avions révélé, Abdelfetah Daghmoum, bien qu’en fonction depuis le 9 avril, il semble que sa mission soit délibérément entravée par le régime de son pays, car il est privé d’accès direct aux hauts responsables espagnols, limitant ainsi sa capacité à engager un dialogue diplomatique de haut niveau.