Les relations énergétiques entre la Jordanie et l’Algérie sont dans la tourmente. Alors que le troisième producteur pétrolier africain souhaite lancer des projets de nouveaux partenariats pour l’exploitation des richesses gazières et diversifier les voies d’exportation de son gaz, la Jordanie a annoncé l’annulation d’un contrat conclu pour des livraisons de gaz avec l’Algérie.
L’annonce fut tonitruante : «La Jordanie n’a plus besoin des approvisionnements en gaz algériens.» L’accord entre les deux pays a été signé entre NEPCO (National Electric Power Company), une entreprise détenue à 100 % par le gouvernement jordanien, et la société algérienne d’hydrocarbures Sonatrach. La transaction prévoit qu’à partir de 2019, la Jordanie profitera des importations algériennes de gaz avec des conditions tarifaires préférentielles au lieu des prix alignés sur ceux du marché mondial.
Alors que l’incompréhension règne en Jordanie vu que l’accord annulé proposait un prix compétitif qui ne pénalise pas les industries nationales, en Algérie, le courroux est réel, au point que l’ambassadeur d’Algérie à Amman, Mohamed Bourouba, a été convoqué au ministère des Affaires étrangères. Il lui a été enjoint de s’abstenir de faire des commentaires sur ce sujet, puisque «le gouvernement jordanien examinerait les futures offres de l’Algérie après les élections présidentielles qui seront organisées en décembre».
La Jordanie a une longue tradition d’approvisionnement gazier régulier au départ d’Israël, alors que cette dépendance mécontente l’opinion publique, qui intime au gouvernement de s’employer à acheminer le gaz d’autres provenances. Le contournement d’Israël au travers d’un autre partenaire est particulièrement complexe ; puisqu’il suffit d’observer la géopolitique qui la sous-tend pour en être persuadé.
L’ambassadeur algérien à Amman a révélé dans la foulée que le gouvernement jordanien a «refusé aussi des produits agro-alimentaires proposés par l’Algérie sur la base de tarifs préférentiels, puisque la Jordanie préfère tout importer d’Israël».
«Notre pays est réduit à implorer ses partenaires d’acheter sa marchandise, quitte à la brader, et se voit en retour rabroué de façon humiliante», s’insurge une source autorisée citée par des médias algériens, qui dénonce une situation politique catastrophique et un contexte économique morose marqué par l’érosion du portefeuille de contrats économiques à long terme et la sécurité fragile des approvisionnements en pétrole et en gaz.
Le député Moussa Hantach, membre de la commission de l’énergie au Parlement jordanien, a indiqué à la presse locale que l’ambassadeur d’Algérie a sollicité sans succès une audience auprès du président de la Représentation législative pour tenter de le convaincre d’intercéder auprès du pouvoir exécutif.