Les juges et procureurs algériens ont commencé dimanche une grève illimitée pour réclamer l’indépendance du pouvoir judiciaire après un remaniement massif qui a touché des milliers du corps de la profession, a annoncé le syndicat des magistrats.
Cette décision intervient alors que le pays reste déchiré par de massives manifestations contre une élection présidentielle prévue pour décembre qui doit être supervisée par des juges. Plus tôt ce mois-ci, le ministère de la Justice a procédé à un remaniement judiciaire sans précédent, touchant 3.000 juges et procureurs sur environ 6.000.
Le Syndicat national des magistrats (SNM) a dénoncé ce mouvement comme « un étranglement par le pouvoir du pouvoir judiciaire ». Il a accusé le gouvernement « d’empiéter sur les prérogatives du Conseil judiciaire suprême », a-t-il déclaré dans un communiqué.
Le ministère de la Justice a défendu ses actions et a déclaré que le remaniement avait été « validé à l’unanimité » par les membres du conseil de la justice. Selon le SNM, 96% des juges et des procureurs ont observé la grève.
En conséquence, les tribunaux à travers le pays – y compris la Cour suprême – sont au point mort, selon Saad Eddine Merzoug, porte-parole du Magistrates ‘Club, un groupe créé plus tôt cette année. Les magistrats jouent un rôle majeur dans la supervision des élections dans ce pays d’Afrique du Nord.
Le scrutin prévu pour décembre a pour but de trouver un successeur au dirigeant vétéran Abdelaziz Bouteflika, qui a démissionné en avril sous la pression des manifestations. »La grève pourrait avoir un impact négatif sur les prochains scrutins », a déclaré Merzoug.
Les activistes exigent des réformes radicales dans ce pays riche en pétrole avant tout vote, et disent que les personnalités de l’ère Bouteflika toujours au pouvoir ne doivent pas utiliser le scrutin présidentiel comme une opportunité pour désigner son successeur. Le mouvement de protestation Hirak s’est déclenché en février pour exiger la démission de Bouteflika au lieu de briguer un cinquième mandat. Il a été soutenu par des Algériens de tous les horizons, notamment des avocats et des juges.
Les scrutins prévus à l’origine pour le 4 juillet ont été reportés en raison du manque de candidats viables. En avril, les magistrats algériens avaient annoncé leur intention de boycotter ces élections.
La commission électorale algérienne a enregistré 22 candidats aux élections de décembre, dont deux anciens premiers ministres ayant exercé leurs fonctions sous l’ère Bouteflika.






