Des ONG et des sites algériens d’information ont dénoncé une «campagne de criminalisation et de répression» de la presse électronique.
Le journaliste algérien Abdou Semmar, exilé en France et accusé de «dévoiler des informations sensibles» sur la compagnie énergétique publique Sonatrach, a été condamné récemment à la peine capitale. Le sort du rédacteur en chef et journaliste du site Algérie Part inquiète le Centre maghrébin des études et recherches en information et communication, lequel dénonce «une régression sans précédent de la liberté de la presse en Algérie» et une «terrorisation des journalistes indépendants, qui ne sont pas protégés».
«Le droit d’informer ne peut être gêné en aucune manière […] La liberté de la presse doit être entière et indéfinie, or, en Algérie, le régime a renforcé son emprise y compris sur Internet […] Sous prétexte de réprimer les abus de la presse, il ferme des sites Web, emprisonne des journalistes, déploie une armée de trolls pour museler les voix critiques», écrit l’organisation basée à Paris.
Lors des plaidoiries, les avocats de la défense ont pointé de flagrantes «irrégularités» dans l’enquête préliminaire menée par la gendarmerie nationale, tandis que plusieurs sites algériens d’information ont contesté une «campagne de criminalisation» de la presse électronique algérienne, ainsi que des tentatives de «discréditer» la liberté d’informer.
Reporters sans frontières (RSF) et d’autres organisations évoquent régulièrement les menaces contre la liberté de la presse en Algérie et condamnent «vigoureusement la censure de médias libres et indépendants». Une réforme du code pénal adoptée en avril 2020 visant à criminaliser la diffusion de fausses nouvelles a été décrite comme une menace périlleuse à la liberté d’expression et de presse par plusieurs organisations de défense des droits humains.
Lors de la même année, le gouvernement a adopté un projet de décret destiné à mieux «encadrer les activités des médias en ligne». Il y est notamment prévu que les sites électroniques soient «exclusivement» hébergés en Algérie. «Toutes les ressources (matérielles, logicielles, humaines, création, exploitation) nécessaires à l’hébergement d’un site devront être également en Algérie», d’après l’agence officielle APS.
Près de 300 personnes sont actuellement emprisonnées en Algérie pour des faits liés aux libertés individuelles, intellectuelles et créatives. Des charges fondées pour beaucoup sur leurs publications sur Facebook, d’après le Comité national de libération des détenus (CNLD).