Le pouvoir algérien a annoncé la mise en place d’un « pont aérien » pour transporter les supporters des Fennecs en Egypte. Les contestataires disent être conscient que le pouvoir algérien espère, par là-même, se réconcilier avec un peuple qui réclame son départ depuis cinq mois.
Vendredi 19, l’équipe nationale d’Algérie jouera la finale de Coupe d’Afrique des Nations (CAN-2019). Malgré les différentes qualifications et matchs des Fennecs, le mouvement de contestation est resté mobilisé comme au premier jour, soit le 22 février et assure les manifestations hebdomadaires réclamant le départ des dirigeants issus des vingt ans de présidence d’Abdelaziz Bouteflika.
L’Etat a annoncé par la voix de son Premier ministre Noureddine Bedoui avoir « mobilisé tous les moyens matériels et humains disponibles pour satisfaire » la demande des supporters de « faire le déplacement pour encourager » leur équipe. Ce sont 28 avions qui ont été affrétés par le gouvernement et l’armée transporteront plus de 4.500 supporters vers le stade de la finale.
« Le pouvoir veut mettre à profit l’élan populaire envers cette équipe, dans l’espoir de diminuer la pression que fait peser sur lui tous les vendredis le Hirak », analyse Noureddine Bekkis, enseignant en sociologie politique à l’Université d’Alger, dans un communiqué de l’AFP. « Ces avions vont partir avec des jeunes du Hirak » qui « à la fin de la CAN (…) reviendront manifester chaque semaine », assure-t-il.
Le quotidien Liberté, de son côté, a qualifié ces annonces de l’Etat de « pratiques populistes qui rappellent malheureusement les pratiques bouteflikiennes », concluant que « le cadeau surmédiatisé a vite été compris comme étant un élément des manœuvres du pouvoir ».
On s’attend même à ce que le stade en Egypte soit le théâtre de slogans du Hirak algérien. En effet, de nombreux hymnes du mouvement de contestation sont nés dans les stades. Et rien n’empêcherait donc ces supporters d’utiliser cette occasion dela finale de la CAN-2019 pour scander en Egypte et à la vue du monde entier, leurs revendications, d’autant que le président par intérim Abdelkader Bensalah sera lui aussi présent dans le stade.
Comme de coutume, en cas de victoire, l’équipe doit être reçue par Bensalah. A cet effet, des appels sur les réseaux sociaux des appels sont lancés sans relâche, aux joueurs pour qu’ils refusent la cérémonie officielle à Alger. Soulignons que Ryad Mahrez, la star de l’équipe nationale, a publié une vidéo qui a fait le tour des réseaux sociaux, dans laquelle ses équipiers et lui chantent « La Liberté », chanson du rappeur algérien Soolking consacrée au Hirak.