L’autorité électorale en Algérie avertit contre tout ce qui pourra travestir le scrutin de décembre, au moment même où le mouvement social, qui dure depuis février, a atteint une étape critique.
Les prochaines échéances électorales algériennes rencontrent un contexte politique bien différent des précédents. Alors que les partis politiques, sans ancrage sociétal, sont décrits comme des partis d’appareils dont les dirigeants sont discrédités, l’autorité électorale a mis en garde le pouvoir municipal contre toute tentative de court-circuiter le futur scrutin. «La loi électorale est claire dans son volet pénal. Le président de l’autorité électorale peut saisir le procureur de la République contre toute entrave de la part des agents de l’administration ou officier public, qu’il soit maire ou fonctionnaire», a indiqué le 29 septembre Ismaïl Bouguerra, membre de l’autorité.
Vendredi 20 septembre, les maires de 20 communes de Béjaia, ont annoncé leur refus d’encadrer l’élection présidentielle qui sera tenue le 12 décembre. Dans une déclaration rendue publique, ils ont contesté les modalités techniques consacrées à cette échéance électorale.
À l’instar du maire de la commune de Bouzeguene (est), les élus ont dénoncé les pressions exercées sur les Secrétaires généraux des communes afin de les obliger à prendre part au processus électoral. «Aucune autorité ne peut se substituer aux élus du peuple et [nous] attestons que nous ferons tout pour empêcher le déroulement de ces élections qui ne sont en réalité qu’une émanation du pouvoir», ont-ils prévenu.
L’administration régionale et locale doit mobiliser tous les moyens matériels et humains pour encadrer cette opération, avertissant contre toute tentative «de dissuader les électeurs de se rendre aux bureaux de vote, le vol et la destruction d’urnes et tout pratique pouvant entraver le processus lancé».
Pour sa part, Ali Draa, chargé de communication de l’Autorité, affirme qu’«aucune plainte n’a été déposée pour le moment» contre «les maires de Bejaia et Tizi Ouzou qui ont annoncé leur non-participation aux présidentielles. On ne peut pas donc porter plainte en l’absence de faits», a-t-il énoncé.
Les manifestants, eux, proclament que le scrutin de décembre ne sera qu’une «mascarade électorale», alors qu’une nouvelle configuration politique peine à se former. Faible, atomisée et discréditée, l’élite actuelle est largement contestée par l’Algérie profonde. Les luttes sociales contre les luttes de sérail s’enveniment, alors que l’équilibre précaire au sein d’un pouvoir qui ne se repose que sur l’appareil sécuritaire peut s’effondrer à tout moment.