Le mandat du président algérien par intérim, Abdelkader Bensalah, arrive à son terme aujourd’hui, mardi 9 juillet. Aucune élection présidentielle n’ayant encore été prévue, le Conseil constitutionnel a prolongé son mandat jusqu’à ce qu’une date soit fixée, en bafouant la loi constitutionnelle algérienne.
Le juriste Abdellah Heboul, qui s’exprimait dans les colonnes du journal elwatan.com ne mâche pas ses mots : «les deux tiers de la composante du Conseil constitutionnel, soit quatre membres désignés par le Président et quatre députés de l’APN, veulent imposer la volonté du pouvoir politique et de l’armée des frontières à celle du peuple ; ils veulent faire perdurer le système de 1962». Il affirme que le Conseil constitutionnel, conformément à ses missions telles que définies dans la Constitution algérienne, n’a pas le droit de «prolonger» la mission de Abdelkader Bensalah à la tête de l’Etat.
En plus de la crise politique que vit le pays, il semblerait donc qu’il soit au bord de la crise constitutionnelle.
En effet, l’article 102 de la Constitution, assise légale qui a servi à la nomination de Bensalah stipule que “le président du Conseil de la nation assume la charge de chef de l’État pour une durée de quatre-vingt-dix jours au maximum, au cours de laquelle une élection présidentielle est organisée”. 90 jours après, l’Algérie est toujours sans président de la République, et Abdelkader Bensalah ne peut constitutionnellement parlant prétendre à la qualité de chef de l’État. Sa légitimité constitutionnelle est remise en cause, en plus de sa légitimité politique que lui conteste le peuple.
En tout cas, ce mardi, des centaines d’étudiants et enseignants algériens ont manifesté, comme chaque semaine, réclamaient un « changement de régime » et la libération des « détenus politiques ». Sans se départir des slogans « Système dégage », « Algérie, libre et démocratique », désormais si familiers qui rythment les marches dans les rues d’Alger.
Vendredi prochain, jour consacré à la contestation populaire est attendu pour prendre le pouls de rue et voir comment elle va répondre à ce que d’aucuns nomment déjà « un coup de force » et une prolongation de pouvoir illégal.