L’islamologue de 53 ans a déclaré qu’il ferait appel et irait jusqu’en cassation si nécessaire, assurant que «le combat pour la liberté de conscience est non négociable».
Le procès en appel très attendu d’un islamologue algérien de renom, Saïd Djabelkhir, condamné à trois ans de prison pour «offense aux préceptes de l’islam» et menacé de mort, a été reporté mercredi, a annoncé son avocat. Lors de son procès en première instance, ce spécialiste du soufisme s’était défendu d’avoir porté atteinte à l’islam, religion d’Etat en Algérie, assurant qu’il avait seulement fait part de «réflexions académiques».
«Le procès a été reporté au 7 juillet à la demande de la défense», a déclaré à l’AFP Me Moumen Chadi, sans autre précision. De son côté, M. Djabelkhir a dit à l’AFP garder l’espoir que «les juges de seconde instance vont appliquer la loi». «Le débat intellectuel devrait se dérouler dans les espaces académiques et médiatiques et non devant la justice», a ajouté le chercheur de 53 ans. Après l’annonce de sa condamnation à trois ans de prison ferme le 22 avril, l’islamologue avait promis de poursuivre son «combat pour la liberté de conscience».
Poursuivi pour «offense aux préceptes de l’islam» par un collègue universitaire soutenu par sept avocats, il risquait jusqu’à cinq années de prison. Il lui est notamment reproché d’avoir écrit, sur Facebook en janvier 2020, que le sacrifice du mouton — tradition musulmane — existait avant l’avènement de l’islam. Il avait également affirmé que certains récits du Coran n’étaient pas des faits historiques mais qu’ils étaient destinés à transmettre des valeurs morales.
La loi algérienne punit de trois à cinq ans d’emprisonnement et/ou d’une amende «quiconque offense le prophète ou dénigre le dogme ou les préceptes de l’islam, que ce soit par voie d’écrit, de dessin, de déclaration ou tout autre moyen». Lors de son procès, l’exégète avait soutenu qu’il était accusé «par des personnes qui n’ont aucune compétence en matière de religion».
Depuis, M. Djabelkhir a dit recevoir «régulièrement» des messages contenant «des menaces de mort». Les auteurs de ces messages, parfois accompagnés de son adresse, appellent à le décapiter, à l’égorger ou à le lapider, selon lui. Une plainte a été déposée par son avocat début mai auprès du procureur du tribunal de Sidi M’hamed à Alger, pour «menaces de mort, diffamation et incitation à la haine». «Mais nous n’avons aucune nouvelle quant à l’avancement de la plainte», a précisé mercredi Me Chadi à l’AFP.