Le ministère algérien de la communication accuse l’agence française de mener «une campagne hostile et odieuse» contre le pays. Mi-juin, l’Algérie a décidé de retirer son accréditation à France 24 pour sa couverture du Hirak.
Le ministère algérien de la communication a menacé, mercredi 27 octobre, l’Agence France-Presse (AFP) de «retrait définitif» d’accréditation et d’interdiction d’exercer en raison, selon lui, de la «campagne hostile et odieuse» dans la couverture de plusieurs sujets locaux de haute sensibilité. Cela survient alors que les relations franco-algériennes connaissent un effondrement sans précédent après des propos du président Emmanuel Macron, qui a accusé le «système politico-militaire» algérien d’entretenir une «rente mémorielle» autour de la guerre d’indépendance.
«L’AFP prouve une nouvelle fois ses préjugés hostiles envers l’Algérie en s’écartant clairement de la pratique médiatique et journalistique et en se dénuant de crédibilité, d’objectivité et d’éthique déontologique de la profession», a souligné le communiqué du département de la communication.
Le ministère de la communication reproche à l’AFP de donner tribune au mouvement islamiste Rachad et au Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK, indépendantiste), tous deux illégaux en Algérie. Une dépêche publiée le 26 octobre sur les migrants clandestins algériens a achevé de provoquer l’ire du régime. Elle a été diffusée sous le titre : «De l’Algérie à l’Espagne, les «harraga» (migrants) prêts à mourir en mer pour ne pas rester au pays».
La menace du gouvernement algérien à l’encontre de l’agence AFP survient au moment où les relations entre les deux pays connaissent une crise sans précédent, déclenchée par une réduction de moitié des visas en raison du «refus» de ce pays de délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires au retour des immigrés refoulés de France.
Les médias étrangers opérant en Algérie sont soumis depuis des années à une procédure d’accréditation très critiquée. Le directeur de l’Agence France-Presse (AFP) pour l’Algérie, Philippe Agret, nommé en octobre 2019, n’a toujours pas été accrédité par les autorités, ce sans la moindre explication. En outre, les conditions de travail restent difficiles pour les journalistes algériens, exposés à la fois à des poursuites judiciaires, voire à des peines de prison, comme Khaled Drareni, et à l’hostilité de certains militants du Hirak.
L’Algérie a rappelé son ambassadeur en France le 3 octobre en signe de protestation et interdit le survol de son territoire aux avions militaires français qui desservent le Sahel, où sont déployées les troupes de l’opération anti-djihadiste Barkhane. La France a de son côté appelé au «respect» de sa souveraineté par Alger, après que l’ambassadeur d’Algérie en France a incité la communauté algérienne à «constituer un levier de commande» pour intervenir dans la «vie politique française».
La conférence internationale sur la Libye doit réunir pour la première fois l’ensemble des pays voisins le 12 novembre à Paris. La présence de l’Algérie n’est pour l’heure pas confirmée. Cette réunion doit entériner l’organisation d’élections générales le 24 décembre en Libye et endosser un plan de départ des forces et mercenaires étrangers de ce pays, au moment où les relations troubles entre l’Algérie et les forces russes de Wagner inquiètent la communité internationale.