Le climat de tension ne se dissipe pas en Algérie, où les candidats à la présidentielle du 12 décembre continuent de mener de timides campagnes électorales, attisant la colère du Hirak algérien.
Hier, les meetings électoraux ont été marqués par des rassemblements de citoyens hostiles à la venue des candidats et à la tenue de la présidentielle du 12 décembre. Selon le quotidien algérien El Khabar, 17 personnes ont été arrêtées, samedi soir, à Mostaganem, située au nord-ouest de l’Algérie, suite à une manifestation nocturne contre la tenue des présidentielles du 12 décembre. Les manifestants ont scandé des slogans hostiles aux élections. Ils ont tenté d’organiser une marche en direction du siège de l’Autorité de surveillance des élections (ANIE), mais les forces de sécurité les en ont empêchés.
Alors que le mouvement de rejet de l’élection gagne en ampleur, les candidats poursuivent leur campagne, et multiplient les promesses électorales. Ainsi, les campagnes électorales se déroulent dans un climat de promesses mais surtout de tensions et de rejet, accompagné d’une morosité économique.
En effet, les exportations algériennes de gaz vers l’Europe sont en chute libre. Les clients européens de Sonatrach ont « considérablement réduit leur demande » en gaz conventionnel provenant d’Algérie, ce qui a entraîné « une chute de 25% du niveau des ventes attendu cette année », a déclaré Ahmed El-Hachemi Mazighi, vice-président du marketing de Sonatrach, cité par Bloomberg. Les exportations algériennes de gaz vers l’Europe sont concurrencées par les approvisionnements russes, moins chers et par l’abondance au niveau mondial du combustible sous forme liquéfiée, selon la même source.
Face à cette crise économique, l’Algérie, en manque de solutions, compte assouplir, dans sa nouvelle loi de Finances, certaines règles qu’elle a imposées pour conditionner les investissements étrangers telles que la règle 51% / 49%. Il s’agit d’une règle qui plafonne à 49% la participation des acteurs étrangers dans tout nouvel investissement, les 51% revenant obligatoirement à un partenaire local. La priorité est donc de capter les investissements étrangers. Plus encore, l’Algérie compte également avoir recours à l’endettement extérieur pour financer des projets stratégiques et structurants ,ce que le pays interdisait auparavant.
Dans ce contexte politique ponctué de tensions et de morosité économique, le Front de la justice et du développement (FJD) s’est montré très critique à l’égard du processus politique en cours, estimant notamment qu’une « grande partie du régime de Bouteflika est toujours en place ». Selon lui, seuls « des symboles politiques, militaires et financiers ont quitté le pouvoir », relève le site algérien TSA. En effet, le président du FJD, Abdallah Djaballah, n’exclut pas une annulation des résultats de la présidentielle du fait que le scrutin sera totalement boycotté dans quelques wilayas, notamment en Kabylie, en ces termes : « ce qui conduira à l’annulation des résultats et la mise en place d’une courte période de transition pour aboutir un consensus autour d’une nouvelle démarche ».
Rappelons que la foule a rejeté, lors du 40ème vendredi des manifestations, le scrutin du 12 décembre. Ainsi, les slogans des manifestants ont dépeigné ce rejet, « nous ne voterons pas », « had el aam makaynch l’vote [NDLR : cette année, pas de vote] » ou encore « Makanch el qanoun, makanch aadala makanch el vote [NDLR : puisqu’il n’y a ni loi ni justice, alors il n’y aura pas de vote] ».






